Dans un pays où des millions de personnes se couchent le ventre vide, l’initiative Mapendo Banque alimentaire RDC souffle ses cinq bougies avec un bilan mitigé entre fierté et urgence. « Il est temps que cette cause soit portée au plus haut niveau pour sauver des vies », alerte Régis Ngudie Mbuyi, chargé de communication de cette structure pionnière dans la lutte contre l’insécurité alimentaire Congo.
Comment une banque alimentaire peut-elle changer le quotidien des familles congolaises les plus démunies ? La réponse se trouve dans ces entrepôts où des denrées destinées au gaspillage retrouvent une seconde vie. Grâce Kapinga, responsable de l’administration et des finances, détaille le mécanisme : « Notre action repose sur trois piliers fondamentaux : la collecte et redistribution de denrées alimentaires, la sensibilisation contre le gaspillage et le renforcement des partenariats communautaires. »
Le constat est amer : alors que la RDC possède des terres arables parmi les plus fertiles d’Afrique, près de 27 millions de ses habitants souffrent de la faim selon les dernières statistiques. Un paradoxe qui interpelle et qui justifie l’action de Mapendo Banque dans sa lutte gaspillage alimentaire. Chaque jour, des tonnes de nourriture consommable sont perdues tandis que des enfants meurent de malnutrition dans certaines provinces.
« Nous avons réussi à redistribuer l’équivalent de 3 millions de repas depuis notre création », confie un bénévole qui préfère garder l’anonymat. « Mais face à l’ampleur des besoins, cela reste insuffisant. Chaque fois que je vois une mère pouvoir nourrir ses enfants grâce à notre aide, je me dis que chaque effort compte. »
La solidarité nationale RDC devient donc l’enjeu majeur de cette bataille contre la faim. Mapendo Banque, membre de la Global Foodbanking Network, lance un appel pressant aux entreprises, aux agriculteurs et aux citoyens : « Notre modèle repose sur le don et la récupération des surplus. Sans cette chaîne de solidarité, nous ne pouvons pas fonctionner », explique Grâce Kapinga.
Mais comment expliquer que dans un pays aussi riche en ressources naturelles, l’insécurité alimentaire continue de faire des ravages ? Les spécialistes pointent du doigt plusieurs facteurs : les conflits armés dans l’Est qui déplacent des populations entières, le manque d’infrastructures de conservation, et surtout une prise de conscience encore trop faible concernant le gaspillage alimentaire.
La Journée mondiale de l’alimentation, célébrée sous le thème « Ensemble, nourrissons la vie et préservons nos sources », a servi de catalyseur pour rappeler l’urgence de la situation. Mapendo Banque alimentaire RDC profite de cette tribune pour annoncer son ambition d’étendre ses activités dans d’autres provinces, particulièrement celles touchées par les crises humanitaires récurrentes.
Le défi est de taille, mais l’espoir demeure. « Chaque plat sauvé du gaspillage et redistribué à une famille dans le besoin représente une victoire contre l’indifférence », témoigne une bénéficiaire de Kinshasa. « Avant, je devais choisir lequel de mes trois enfants mangerait à sa faim. Aujourd’hui, grâce à Mapendo, cette torture a cessé. »
Alors que le gouvernement congolais place la sécurité alimentaire parmi ses priorités, les acteurs de terrain comme Mapendo Banque attendent des actions concrètes. La route est encore longue, mais chaque pas compte dans cette course contre la montre pour nourrir une nation en détresse.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
