La situation sanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo atteint un niveau critique sans précédent. Selon une récente évaluation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), plus de 80% des structures de santé des provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu font face à une rupture complète de médicaments essentiels, plongeant des millions de personnes dans une vulnérabilité médicale extrême.
Comment une région peut-elle survivre sans accès aux soins les plus élémentaires ? Cette question cruciale se pose avec acuité dans les zones de conflit de l’est congolais, où la population doit composer avec une double peine : l’insécurité permanente et l’impossibilité de se soigner. L’évaluation menée par le CICR RDC santé révèle que 85% des 240 centres de santé visités ne disposent plus des intrants médicaux de base, transformant les consultations en simples formalités sans issue thérapeutique.
La rupture médicaments RDC touche particulièrement les traitements contre le paludisme, les antibiotiques, les antalgiques et les produits de première nécessité. Dans certains centres de santé Kivu, le personnel médical doit improviser avec les moyens du bord, parfois en réutilisant du matériel stérile ou en conseillant aux patients de se tourner vers la médecine traditionnelle. « Nous devenons des spectateurs impuissants de la souffrance », confie un infirmier du territoire de Masisi, sous couvert d’anonymat.
Les conséquences de cette crise sanitaire est Congo sont déjà visibles dans les statistiques de mortalité. Les cas de paludisme simple deviennent mortels par absence de traitement, les infections banales se transforment en septicémies, et les femmes accouchent sans analgésiques ni produits d’hygiène. La situation est particulièrement alarmante pour les enfants de moins de cinq ans, dont le système immunitaire fragile ne résiste pas aux pathologies courantes sans médicaments appropriés.
Plusieurs facteurs expliquent cette catastrophe annoncée. La recrudescence des combats entre groupes armés a considérablement compliqué l’accès soins Nord-Kivu et Sud-Kivu. Les routes d’approvisionnement sont régulièrement coupées, les convois humanitaires sont attaqués, et le personnel médical hésite à se déplacer dans des zones à haut risque. La logistique devient un casse-tête quotidien pour les organisations humanitaires qui tentent de maintenir une présence minimale.
Le problème du financement aggrave considérablement la situation. De nombreux bailleurs de fonds ont réduit leur soutien à la RDC, préférant se concentrer sur d’autres crises internationales. Pourtant, les besoins n’ont jamais été aussi importants. Le CICR, l’une des rares organisations encore active sur le terrain, tire la sonnette d’alarme : « Sans une mobilisation urgente de la communauté internationale, nous risquons de voir des milliers de morts évitables dans les prochains mois ».
La population, elle, développe des stratégies de survie souvent désespérées. Certaines familles vendent leurs derniers biens pour acheter des médicaments sur le marché noir, où les prix ont flambé. D’autres parcourent des dizaines de kilomètres à pied pour atteindre les rares centres encore approvisionnés. Mais pour beaucoup, ces efforts restent vains face à l’ampleur des besoins et la rareté des produits.
Les autorités sanitaires provinciales reconnaissent l’urgence de la situation mais semblent dépassées par l’ampleur de la crise. Le directeur provincial de la santé du Nord-Kivu évoque « des difficultés logistiques majeures » et promet « une réorganisation du système d’approvisionnement », sans pouvoir donner de calendrier précis. En attendant, la population continue de payer le prix fort de cette désorganisation.
La solution passera nécessairement par une coordination renforcée entre acteurs humanitaires, autorités locales et communauté internationale. Le rétablissement de couloirs humanitaires sécurisés, la mise en place de stocks d’urgence et le renforcement des capacités locales constituent des pistes urgentes à explorer. Mais le temps presse, et chaque jour sans médicaments coûte des vies humaines dans cette région meurtrie par des décennies de conflits.
Face à cette crise humanitaire silencieuse, une question demeure : jusqu’à quand la communauté internationale restera-t-elle spectatrice de cette tragédie annoncée ? L’accès aux soins de santé primaires est pourtant un droit fondamental, et sa privation systématique dans l’est de la RDC constitue une violation grave des conventions humanitaires internationales.
Article Ecrit par Amissi G
Source: https://apnews.com/article/40495cfd5e1a651e37f1d7a9c742eb7f