À moins d’un mois de l’application du nouveau système quotas cobalt RDC, l’incertitude règne dans le secteur minier congolais. Le texte d’application devant encadrer les modalités pratiques de ce dispositif n’a toujours pas été publié, créant une zone d’ombre préoccupante pour l’ensemble des opérateurs miniers. Cette situation pourrait-elle remettre en cause la levée de l’embargo prévue le 16 octobre 2025 ?
Le dispositif des ARECOMS quotas miniers, annoncé le 20 septembre dernier par l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques, représente pourtant une avancée majeure dans la gouvernance du secteur. Pour le dernier trimestre 2025, les exportations seront plafonnées à 18 125 tonnes, réparties en trois tranches mensuelles progressives. Les années 2026 et 2027 verront ce plafond annuel s’établir à 96 600 tonnes, soit un cadre prévisible pour les investisseurs.
Mais comment les entreprises pourront-elles respecter ce calendrier sans connaître les règles du jeu ? Le texte d’application doit préciser les conditions d’obtention des quotas, les nouvelles procédures douanières, ainsi que les mécanismes de prépaiement des contributions étatiques. Sans ce cadre réglementaire, l’embargo cobalt Congo pourrait se prolonger de facto au-delà du 15 octobre, paralysant les exportations d’un métal essentiel à la transition énergétique mondiale.
La situation est particulièrement critique pour le géant chinois CMOC RDC cobalt, dont les deux filiales congolaises, Tenke Fungurume et Kisanfu, ont exporté 95 779 tonnes en 2024. L’entreprise, dont le principal actionnaire est CATL, dépend intégralement du cobalt congolais pour alimenter la chaîne de valeur des véhicules électriques en Chine. Rappelons que sa filiale IXM avait déjà déclaré un cas de force majeure le 30 juin dernier sur ses contrats de fourniture, suite à la prolongation précédente de l’embargo.
L’inquiétude exprimée par Romain Battajon, président de la commission juridique de la Chambre des mines de la FEC, reflète l’état d’esprit de l’ensemble de la filière. Les investisseurs ont besoin de visibilité pour planifier leurs activités et honorer leurs engagements contractuels. Le secteur minier congolais, pilier de l’économie nationale, peut-il se permettre de maintenir cette incertitude réglementaire ?
Les enjeux économiques sont colossaux. Le cobalt représente une manne financière essentielle pour le Trésor public congolais, tandis que la demande mondiale ne cesse de croître, portée par l’expansion du marché des véhicules électriques. Toute interruption des exportation cobalt 2025 aurait des répercussions en cascade sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement mondiale.
La balle est désormais dans le camp des autorités congolaises. La publication rapide du texte d’application permettrait de rassurer les marchés et de garantir une transition harmonieuse vers le nouveau système de quotas. Dans le cas contraire, la RDC risquerait de perdre des parts de marché au profit d’autres producteurs, alors même que sa position dominante dans la production mondiale de cobalt constitue un avantage stratégique majeur.
Le timing est crucial. Les entreprises ont besoin de plusieurs semaines pour s’adapter aux nouvelles procédures et constituer les dossiers de demande de quotas. Chaque jour de retard dans la publication du texte d’application réduit d’autant la marge de manœuvre des opérateurs et augmente le risque de perturbations dans la chaîne d’approvisionnement.
À l’heure où la transition énergétique mondiale s’accélère, la RDC dispose d’une opportunité unique de valoriser ses ressources minières stratégiques. Mais cette valorisation passe nécessairement par une stabilité réglementaire et une prévisibilité des règles commerciales. Le succès du système quotas cobalt RDC dépendra en grande partie de la capacité des autorités à fournir un cadre clair et opérationnel dans les délais impartis.
Article Ecrit par Amissi G
Source: mediacongo.net