La province du Sud-Kivu fait face à une crise sanitaire d’une ampleur alarmante avec 118.379 cas de maladie mentale enregistrés entre janvier et juillet 2025. Ces chiffres officiels, révélés par la Division provinciale de la santé ce 10 octobre 2025, dressent un tableau préoccupant de la détresse psychologique qui frappe cette région de l’est de la République démocratique du Congo.
Comment une région peut-elle supporter un tel fardeau psychologique ? La réponse se trouve dans l’analyse détaillée des statistiques santé mentale RDC fournies par le docteur Michel Maneno, chef de division intérimaire à la DPS du Sud-Kivu. « En premier lieu, ce sont les troubles de stress post-traumatique avec 10.888 cas, soit 9,2% du total », précise le médecin. Cette donnée n’est pas surprenante dans une province qui subit les conséquences d’un conflit armé persistant.
Le deuxième rang des pathologies les plus fréquentes est occupé par la dépression République démocratique Congo avec 6.171 cas (5,2%), suivie de la toxicomanie Sud-Kivu qui affecte 2.734 personnes (2%). Le tableau le plus dramatique reste les 93 cas de suicide enregistrés sur cette période, autant de vies brisées qui auraient pu être sauvées par une prise en charge adaptée.
La situation s’est particulièrement aggravée depuis février 2025, période où les consultations pour troubles psychologiques ont triplé pour atteindre près de 4.865 cas en juillet seulement. Cette escalade coïncide avec l’intensification des violences dans la région, créant un terreau fertile pour l’émergence de troubles mentaux divers. Le stress post-traumatique Congo devient ainsi le reflet d’une population meurtrie par des années d’insécurité.
Mais qu’est-ce que le stress post-traumatique exactement ? Imaginez votre système d’alarme interne qui reste constamment activé, même en l’absence de danger immédiat. C’est ce que vivent des milliers de Congolais au Sud-Kivu, avec des réactions de sursaut exagérées, des cauchemars récurrents et une anxiété permanente. Ces symptômes, bien qu’invisibles, constituent des entraves majeures à la reconstruction individuelle et collective.
Le docteur Maneno insiste sur le lien indéniable entre paix et santé mentale : « Parler de santé mentale, c’est parler aussi de la paix. La paix n’est pas seulement l’absence des conflits mais la création d’un environnement où tous peuvent s’épanouir. Cet épanouissement commence par le bien-être intérieur, par la capacité de chaque Congolais de retrouver sa dignité, sa force morale et son équilibre émotionnel ».
Les conséquences de cette crise vont bien au-delà de la souffrance individuelle. « Toutes ces blessures, bien qu’invisibles, freinent souvent la réconciliation, la confiance et le développement », souligne le responsable sanitaire. Comment construire l’avenir quand l’esprit reste prisonnier du passé ? Comment envisager le développement économique quand l’équilibre psychologique fait défaut ?
Face à cette situation, la Division provinciale de la santé recommande l’adoption de comportements préventifs comme l’acceptation, le respect de la dignité humaine, l’écoute active et le dialogue. Ces approches simples mais efficaces pourraient contribuer à réduire l’incidence des troubles mentaux dans la province.
La prise en charge des maladies mentales Sud-Kivu nécessite cependant des moyens supplémentaires et une meilleure formation des personnels soignants. Les centres de santé doivent être équipés pour répondre à cette demande croissante, et les communautés doivent être sensibilisées à reconnaître les signes avant-coureurs des troubles psychologiques.
Au-delà des chiffres et des pourcentages, ce sont des vies humaines qui sont en jeu. Chaque cas de dépression République démocratique Congo non traité, chaque trouble de stress post-traumatique Congo ignoré, chaque addiction à la toxicomanie Sud-Kivu non prise en charge représente un potentiel humain gâché et un frein au développement de toute une région.
Les statistiques santé mentale RDC du Sud-Kivu doivent servir de signal d’alarme pour les autorités et la communauté internationale. Investir dans la santé mentale, c’est investir dans la paix et le développement durable de cette province meurtrie. La reconstruction des esprits est tout aussi urgente que la reconstruction des infrastructures.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd