Dans les camps de déplacés de Beni, au Nord-Kivu, le quotidien des jeunes filles ressemble à un combat permanent contre l’adversité. Comment construire son avenir quand on grandit entourée par les conflits, privée d’éducation et exposée à toutes les formes de violences ? Stéphanie Mbafumoja, actrice sociale engagée, dresse un constat alarmant qui interpelle la conscience collective.
« Ces filles grandissent dans des conditions inhumaines, loin des salles de classe, sans accès aux soins de santé de base, vivant dans la peur constante des violences », témoigne-t-elle, la voix chargée d’émotion. Son regard se pose sur ces milliers de jeunes vies brisées par les conflits qui ravagent la région depuis des années. Combien de potentiels gâchés ? Combien de rêves étouffés dans l’œuf ?
La célébration de la Journée internationale de la jeune fille, ce 11 octobre 2025, prend ici une résonance particulière. Loin des discours protocolaires, elle devient un cri du cœur, un appel à l’action urgent pour protéger ces adolescentes vulnérables. « Cette journée est bien plus qu’une commémoration, c’est un cri d’alarme », insiste Stéphanie Mbafumoja. Son message résonne comme une évidence : protéger les jeunes filles de Beni, c’est construire les fondations d’un avenir meilleur pour toute la région.
Les acteurs sociaux locaux lancent un appel pressant au gouvernement congolais. Ils réclament des investissements concrets et durables en faveur de l’éducation des filles, de leur santé et de leur protection. Car dans les camps de déplacés du Nord-Kivu, la précarité est reine et l’insécurité omniprésente. Les jeunes filles paient le plus lourd tribut à cette situation de crise permanente.
« Investir dans une jeune fille, c’est investir pour un environnement stable », martèle Stéphanie Mbafumoja. Sa conviction est inébranlable : ces adolescentes, si elles reçoivent les moyens de s’épanouir, deviendront des actrices majeures de la paix et du développement dans cette région meurtrie. Mais pour cela, il faut briser le cycle infernal des inégalités de genre qui frappe particulièrement les jeunes filles de RDC.
La mobilisation des acteurs sociaux de Beni s’inscrit dans une dynamique plus large, rejoignant les initiatives nationales et internationales visant à promouvoir l’éducation des filles dans les zones de conflit. Pourtant, sur le terrain, les besoins restent immenses et les moyens dérisoires. Comment expliquer que dans un pays aussi riche que la RDC, l’avenir de milliers de jeunes filles soit ainsi sacrifié ?
Les défis sont multiples : assurer la sécurité dans les camps de déplacés, rouvrir les écoles, former des enseignants, fournir des kits scolaires, mettre en place des structures sanitaires adaptées. Autant d’urgences qui nécessitent une réponse coordonnée et déterminée des autorités congolaises. La protection des jeunes filles du Nord-Kivu ne peut plus attendre.
Au-delà des mots et des bonnes intentions, c’est d’actions concrètes dont ont besoin ces adolescentes. Des salles de classe où apprendre en sécurité, des centres de santé où se soigner, des espaces protégés où grandir sans craindre la violence. Des perspectives d’avenir, tout simplement. Leur garantir ces droits fondamentaux, c’est leur offrir la possibilité de devenir ces « actrices principales de paix et de développement » dont parle Stéphanie Mbafumoja.
Alors que le Nord-Kivu continue de vivre au rythme des conflits et des déplacements de population, l’investissement dans l’éducation et la protection des jeunes filles apparaît comme une priorité absolue. Un enjeu de société qui dépasse largement la seule région de Beni et qui engage l’avenir de toute la République Démocratique du Congo. Car une nation qui ne protège pas ses filles est une nation qui hypothèque son propre développement.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net