Le président Félix Tshisekedi a effectué son arrivée à Bruxelles ce mercredi en début de soirée, marquant ainsi le début de sa participation à la deuxième édition du Global Gateway Forum. Cet événement diplomatique majeur, organisé par l’Union européenne les 9 et 10 octobre, représente un tournant stratégique dans les relations économiques entre l’Europe et la République Démocratique du Congo.
Le Global Gateway Forum se positionne comme une plateforme cruciale pour renforcer les partenariats économiques durables entre l’Europe et les pays en développement. L’initiative vise spécifiquement à financer des projets d’infrastructures, d’énergie et de transition verte, autant de secteurs où la RDC dispose d’un potentiel considérable mais encore sous-exploité.
Cette participation présidentielle s’inscrit dans une stratégie gouvernementale soigneusement élaborée. Lors du Conseil des ministres du 25 octobre 2024 à Kisangani, le chef de l’État avait déjà désigné le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, pour coordonner la Task Force spéciale sur l’attractivité des investissements européens en RDC. Cette cellule interministérielle, placée sous la supervision directe de la Première ministre Judith Suminwa, rassemble des experts de la Présidence, de la Primature, de plusieurs ministères techniques, ainsi que des partenaires privés et internationaux.
La mission de cette Task Force est double : réfléchir aux mécanismes permettant de mieux positionner la RDC face aux opportunités offertes par l’initiative Global Gateway, et proposer des solutions concrètes pour surmonter les obstacles actuels à l’investissement. Cette approche structurée démontre la volonté du gouvernement d’optimiser sa stratégie de mobilisation des fonds européens.
L’initiative européenne Global Gateway prévoit la mobilisation de 300 milliards d’euros d’ici 2027, dont la moitié – 150 milliards d’euros – est spécifiquement dédiée au continent africain. Ces fonds colossaux doivent financer des projets durables dans les secteurs du numérique, de l’énergie, des transports, de la santé, de l’éducation et de la recherche. L’Union européenne avait réaffirmé cet engagement financier lors du Rebranding Africa Forum tenu à Bruxelles du 17 au 19 octobre 2024, où la Première ministre congolaise avait représenté le gouvernement avec pour mandat de préparer le terrain pour la participation présidentielle.
La question qui se pose désormais est la suivante : la RDC peut-elle véritablement se repositionner comme une destination stratégique pour les investissements étrangers ? Le président Tshisekedi semble convaincu que oui, s’appuyant sur le potentiel agricole exceptionnel du pays, ses vastes ressources naturelles et sa position géographique stratégique au cœur de l’Afrique. Cependant, le défi reste de taille.
Le chef de l’État a insisté sur la nécessité impérative de renforcer la compétitivité de l’économie nationale à travers une meilleure gouvernance, des réformes structurelles ambitieuses, l’amélioration du climat des affaires et une lutte résolue contre la corruption. Mais l’élément peut-être le plus déterminant reste la stabilisation de l’Est du pays, que le président qualifie de « condition indispensable pour un développement harmonieux ».
Ce Global Gateway Forum représente donc bien plus qu’une simple participation à un événement international. Il s’agit d’une opportunité historique pour la RDC d’opérer un repositionnement stratégique sur l’échiquier économique mondial. La présence personnelle du président Tshisekedi à Bruxelles témoigne de l’importance que son gouvernement accorde à ce partenariat économique UE-RDC.
Les attentes sont particulièrement élevées concernant la capacité de la Task Force à transformer les engagements en réalisations concrètes. Comment garantir que les investissements européens bénéficieront réellement au développement durable de la RDC ? La réponse à cette question déterminera en grande partie le succès de cette nouvelle phase des relations entre Kinshasa et Bruxelles.
Alors que le forum s’ouvre dans la capitale européenne, tous les regards sont tournés vers les annonces qui pourraient émerger de ces discussions stratégiques. La RDC, forte de ses atouts naturels et de sa position géostratégique, espère bien tirer son épingle du jeu dans cette nouvelle configuration des partenariats économiques internationaux.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd