Dans une décision stratégique majeure, la Banque centrale de la République démocratique du Congo va constituer des réserves en or pour soutenir sa politique monétaire et assurer la stabilité du franc congolais. Cette annonce du gouverneur Deogratias Mutombo intervient dans un contexte de flambée mondiale des prix du métal précieux, créant une opportunité historique pour le pays de valoriser ses richesses minières au service de sa souveraineté économique.
Le secteur aurifère, longtemps considéré comme le parent pauvre de l’exploitation minière congolaise malgré un potentiel estimé à plusieurs centaines de tonnes, devient soudainement l’instrument privilégié de la politique monétaire nationale. Avec des prix atteignant des niveaux records, dépassant les 4 000 dollars l’once sur les marchés internationaux, la décision de constituer des réserves or RDC apparaît comme un calcul économique judicieux. Comment cette initiative pourrait-elle transformer la résilience économique du pays face aux chocs externes ?
La Banque centrale Congo, sous l’impulsion de son gouverneur, entend ainsi diversifier ses actifs de réserve traditionnellement dominés par les devises étrangères. Cette approche répond à une double nécessité : sécuriser la valeur du franc congolais face aux fluctuations monétaires internationales et réduire la dépendance excessive au dollar américain. La dédollarisation Congo, objectif longtemps poursuivi par les autorités monétaires, trouve dans cette stratégie un levier supplémentaire pour gagner en crédibilité.
L’analyse économique révèle que cette décision s’inscrit dans un mouvement global où les banques centrales des pays émergents augmentent leurs réserves d’or de 25% en moyenne depuis 2022. La RDC, qui produit officiellement environ 30 tonnes d’or annuellement mais dont une grande partie échappe au circuit formel, pourrait désormais canaliser une partie de cette production vers ses propres réserves. Cette démarche s’avère d’autant plus cruciale que l’inflation, bien qu’en recul à 7,8% en septembre 2025, reste une préoccupation majeure pour les autorités monétaires.
La politique monétaire RDC connaît ainsi un tournant significatif. L’assouplissement récent du taux directeur, passé de 25% à 17,5%, combiné à cette nouvelle stratégie de réserves aurifères, dessine une approche plus sophistiquée de la gestion monétaire. Le franc congolais stabilité devient l’objectif central autour duquel s’articulent ces différentes mesures. Les réserves d’or pourraient servir de garantie tangible renforçant la confiance des investisseurs et de la population dans la monnaie nationale.
La mise en œuvre de cette stratégie soulève cependant plusieurs défis pratiques. Le premier concerne l’approvisionnement en or : la Banque centrale devra-t-elle acheter sur le marché international ou privilégier l’achat auprès des producteurs locaux ? Le second défi touche à la logistique de stockage et de sécurisation de ces réserves précieuses. Enfin, la transparence dans la gestion de ces actifs sera cruciale pour maintenir la crédibilité de l’institution.
Sur le plan macroéconomique, cette initiative pourrait générer des effets positifs en cascade. Une monnaie nationale plus stable favoriserait l’investissement local, réduirait les coûts d’importation et limiterait l’érosion du pouvoir d’achat des ménages. La dédollarisation Congo progresserait naturellement si le franc congolais gagne en prévisibilité et en solidité. Les réserves or RDC pourraient ainsi devenir le socle d’une nouvelle architecture financière nationale.
Cette décision historique intervient à un moment où la géopolitique des matières premières connaît des bouleversements majeurs. Les pays africains, longtemps simples fournisseurs de ressources brutes, commencent à comprendre la valeur stratégique de la transformation locale et de la rétention d’une partie de leurs richesses minières. La Banque centrale Congo positionne ainsi la RDC comme précurseur dans cette nouvelle approche de valorisation des ressources naturelles.
La réussite de cette politique dépendra de plusieurs facteurs : la pérennité de la hausse des cours de l’or, la capacité de l’institution à gérer efficacement ces réserves et la coordination avec les autres politiques économiques gouvernementales. Si ces conditions sont réunies, le franc congolais stabilité pourrait devenir une réalité tangible, marquant un tournant décisif dans l’histoire économique récente de la RDC.
Article Ecrit par Amissi G
Source: https://www.reuters.com/world/africa/democratic-republic-congos-central-bank-start-building-gold-reserves-gold-price-2025-10-09/?utm_source=chatgpt.com