La Cour des comptes de la République Démocratique du Congo a rendu public un bilan accablant de ses activités de contrôle financier. Selon les déclarations du procureur général Salomon Tudisehe, vingt-six fautes de gestion ont été formellement recensées et transmises à la chambre de discipline budgétaire et financière, dont seulement six ont abouti à des arrêts définitifs.
Le magistrat a présenté ces chiffres lors d’un échange organisé à l’Hôtel Memling de Kinshasa ce mardi 7 octobre, où il a dressé un tableau préoccupant de la gestion des deniers publics. « Les dix-neuf autres dossiers restent en instance d’examen », a-t-il précisé devant une assistance composée de professionnels du secteur juridique et financier.
Le procureur près la Cour des comptes RDC s’est néanmoins félicité de la qualité du travail accompli par son institution. « Notre contrôle a été mené conformément aux normes internationales les plus exigeantes », a-t-il affirmé, soulignant ainsi la rigueur méthodologique déployée dans l’examen des comptes publics.
Mais au-delà des chiffres et des procédures, quelles sont les conséquences réelles de ces fautes de gestion pour la population congolaise ? Le procureur Tudisehe a apporté une réponse sans équivoque : ces manquements privent les citoyens d’un accès adéquat aux soins médicaux, d’une éducation de qualité, d’opportunités d’emploi et de nombreux autres avantages sociaux essentiels. Chaque faute de gestion recensée par la chambre discipline budgétaire représente ainsi un préjudice direct pour le développement du pays.
La période couverte par ce bilan s’étend de juin 2022 à décembre 2024, révélant une persistance inquiétante des irrégularités dans la gestion des finances publiques. Le procureur Salomon Tudisehe a toutefois reconnu que le parquet près la Cour des comptes avait rencontré d’importantes difficultés opérationnelles, principalement liées à l’insuffisance des moyens financiers alloués à cette institution cruciale.
Comment une juridiction chargée du contrôle financier peut-elle remplir pleinement sa mission sans disposer des ressources nécessaires ? Cette question demeure au cœur des préoccupations exprimées par le magistrat, qui a insisté sur la nécessité de renforcer les capacités d’action de la Cour des comptes RDC.
Rappelons que la Cour des comptes constitue une juridiction administrative spécialisée dans le contrôle des finances et des biens publics en République Démocratique du Congo. Son rôle est fondamental dans la préservation du patrimoine national et dans la lutte contre les détournements de fonds. Toute personne physique ou morale refusant de se soumettre à son contrôle s’expose à des pénalités sévères, conformément à la législation en vigueur.
Le bilan présenté par le procureur Salomon Tudisehe intervient dans un contexte où la transparence dans la gestion des affaires publiques devient une exigence croissante de la part de la société civile et des partenaires internationaux de la RDC. Les six arrêts déjà rendus par la chambre de discipline budgétaire et financière démontrent que le système judiciaire commence à produire ses effets, mais le traitement des dix-neuf dossiers restants constituera un test décisif pour l’efficacité du contrôle financier RDC.
La question qui se pose désormais est de savoir si les autorités compétentes prendront les mesures nécessaires pour accélérer l’examen des dossiers en attente et renforcer les moyens d’action de la Cour des comptes. L’engagement du procureur Tudisehe à poursuivre son travail conformément aux standards internationaux laisse entrevoir une volonté de réforme, mais celle-ci devra s’accompagner d’une réelle volonté politique pour produire des résultats tangibles.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
