« L’année dernière, nous avions peint le contexte difficile des interventions humanitaires en RDC. Malheureusement, cette situation est loin de s’améliorer. » Ces mots prononcés par Jacquemain Shabani, Vice-premier ministre de l’intérieur, résonnent comme un cri d’alarme dans la salle feutrée du Palais des Nations à Genève. Face à la communauté internationale, le gouvernement congolais dresse un bilan accablant de la crise humanitaire qui frappe l’Est du pays.
Comment en sommes-nous arrivés à cette situation où la République Démocratique du Congo doit gérer simultanément 512.680 réfugiés, 5.780.000 déplacés internes et voir 1.224.551 de ses citoyens contraints à l’exil dans les pays voisins ? La réponse se niche dans cette « crise multiforme et diversifiée » qui ensanglante l’Est congolais depuis des années, créant un flux continu de réfugiés congolais et de déplacés internes en RDC.
Les chiffres présentés lors de cette 76e session du HCR donnent le vertige : près de 7,5 millions de personnes déracinées, auxquelles viennent s’ajouter 88.000 nouveaux réfugiés fuyant les crises au Soudan du Sud et en République Centrafricaine. Une situation qui place la RDC au cœur de la crise humanitaire en Afrique, avec des besoins criants et des ressources financières notoirement insuffisantes.
« Le gouvernement de mon pays et le HCR doivent faire face aux besoins de ces nouveaux réfugiés avec peu de ressources financières », déplore M. Shabani. Cette déclaration met en lumière le paradoxe congolais : un pays riche en ressources naturelles mais incapable de protéger ses propres enfants et ceux venus chercher asile sur son territoire.
Pourtant, des lueurs d’espoir percent à travers ce sombre tableau. Le gouvernement congolais affirme avoir réalisé des « avancées notables » dans la mise en œuvre du Pacte mondial sur les réfugiés. Parmi ces progrès : la formalisation d’une procédure simplifiée pour la détermination du statut des réfugiés, le rapatriement volontaire de plus de 3.500 réfugiés centrafricains, et l’inclusion des personnes déplacées dans le plan national stratégique pour le développement.
Mais ces efforts suffiront-ils à endiguer cette marée humaine de désespoir ? La signature récente d’un accord tripartite entre la RDC, le Rwanda et le HCR à Addis-Abeba pourrait marquer un tournant dans la gestion des réfugiés congolais HCR dans la région. Cet accord, intervenant après les processus de paix conduits par les États-Unis et le Qatar, vise à faciliter le rapatriement volontaire des réfugiés rwandais en RDC et des réfugiés congolais au Rwanda.
La question des réfugiés demeure pourtant un point de discorde entre Kinshasa et Kigali, rappelant que derrière les chiffres et les déclarations protocolaires se jouent des destins humains brisés par les conflits. Ces réfugiés congolais HCR, ces déplacés internes RDC, ne sont pas que des statistiques – ce sont des pères, des mères, des enfants arrachés à leurs terres, à leurs souvenirs, à leur dignité.
Alors que les travaux du Comité exécutif du HCR se poursuivent à Genève jusqu’au 10 octobre, une question demeure : la communauté internationale prendra-t-elle enfin la mesure de cette crise humanitaire Est Congo qui, année après année, continue de produire son lot de souffrances et d’exilés ? Le sort de millions de personnes en dépend.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
