Un camion transportant une aide humanitaire vitale a été réduit en cendres par un groupe de jeunes dans la commune rurale d’Oicha, territoire de Beni au Nord-Kivu. L’incident survenu dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 octobre représente un coup dur pour les populations déplacées des localités d’Eringeti et Mayimoya, déjà vulnérables.
Vers 20 heures locales, sur la route nationale 4 près de la mosquée du quartier Masosi, deux camions en provenance de Beni ont été interceptés par des jeunes manifestants. Ces derniers, agissant sur la base de suspicions infondées, ont contraint les chauffeurs à l’arrêt pour inspection des cargaisons. La méfiance populaire envers les convois humanitaires atteint-elle un point de rupture dans cette région en proie à l’insécurité chronique ?
Au cours des vérifications, la tension a rapidement dégénéré. L’un des véhicules, chargé de denrées et de matériel destinés aux déplacés du groupement de Bambuba-Kisiki, a été entièrement incendié. Les flammes ont consumé en quelques heures le fruit de plusieurs semaines de collecte et de préparation logistique. Comment expliquer une telle violence contre l’aide humanitaire en RDC alors que les besoins n’ont jamais été aussi criants ?
Les forces de l’ordre dépêchées sur les lieux ont dispersé les manifestants, mais leur intervention est arrivée trop tard. Le camion et son précieux chargement n’étaient plus que cendres, symbolisant l’urgence d’une meilleure sécurisation des corridors humanitaires dans le Nord-Kivu. Cette destruction systématique de l’aide ne risque-t-elle pas d’aggraver la crise humanitaire dans une région déjà éprouvée par des années de conflits ?
La société civile locale a immédiatement condamné cet acte de vandalisme. Dans un communiqué, elle a appelé les jeunes à « faire preuve de vigilance sans recourir à la violence ni à la justice populaire ». Un message qui souligne la nécessité de préserver l’intégrité de l’aide humanitaire tout en maintenant la cohésion sociale.
Pour sa part, l’autorité administrative a confirmé l’ouverture d’une enquête. La bourgmestre de la commune rurale d’Oicha, Eugénie Kavira Mwenge, a annoncé que des investigations étaient en cours pour identifier et poursuivre les responsables de cet incendie criminel. Cette détermination institutionnelle suffira-t-elle à dissuader de futures actions similaires contre l’aide humanitaire en RDC ?
Cet incident survient dans un contexte sécuritaire particulièrement volatile au Nord-Kivu, où la méfiance entre populations civiles et acteurs humanitaires complique la distribution de l’aide. La destruction de ce camion humanitaire à Oicha prive des centaines de familles déplacées de biens essentiels à leur survie. La violence contre l’assistance humanitaire représente-t-elle une nouvelle menace pour la stabilisation de la région ?
Les organisations humanitaires opérant dans la zone de Beni doivent maintenant réévaluer leurs protocoles de sécurité. La protection des convois et la sensibilisation des communautés locales deviennent des impératifs catégoriques pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. La sécurité des humanitaires et de leurs cargaisons conditionne directement l’accès aux populations les plus vulnérables.
Alors que la crise humanitaire s’aggrave dans l’est de la RDC, cet incendie criminel à Oicha sonne comme un avertissement. Il rappelle cruellement que l’aide humanitaire reste une cible fragile dans les zones de conflit, et que sa protection nécessite une collaboration étroite entre autorités, société civile et populations locales.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
