Le ministre des Droits Humains, Samuel Mbemba, a présenté ce mercredi devant le Conseil des ministres une note d’information détaillant l’organisation imminente du forum national des droits humains en République Démocratique du Congo. Cet événement stratégique, prévu les 9 et 10 octobre prochain, s’annonce comme un test décisif pour la capacité du gouvernement à traduire en actes concrets ses engagements en matière de protection des droits fondamentaux.
Dans le cadre feutré de la 61e réunion du conseil des ministres, Samuel Mbemba a dépeint cette rencontre comme « un cadre inclusif et participatif de dialogue, de réflexion et de concertation ». Derrière cette terminologie institutionnelle se cache une ambition plus profonde : définir les mécanismes les plus appropriés pour renforcer la protection et la promotion des droits humains dans un pays où leur violation reste monnaie courante. La question centrale demeure : cette initiative parviendra-t-elle à dépasser le stade des déclarations d’intention pour produire des effets tangibles sur le terrain ?
L’architecture du forum repose sur une synergie annoncée entre acteurs étatiques, société civile, partenaires internationaux et experts. Cette approche multidimensionnelle témoigne d’une reconnaissance implicite des limites des stratégies purement gouvernementales. Le ministre Mbemba insiste sur la nécessité de « créer un espace de concertation garantissant une approche participative et inclusive » – une formule qui sonne comme un aveu des défaillances passées en matière de consultation des parties prenantes.
Au cœur des débats figurera l’implémentation de la justice transitionnelle, ce concept souvent invoqué mais rarement matérialisé dans le contexte congolais. La persistance des conflits dans l’Est du pays et les massacres récurrents confèrent à cette thématique une actualité brûlante. Comment construire une paix durable sans affronter les traumatismes du passé ? Le forum tentera d’apporter des éléments de réponse à cette interrogation fondamentale.
Particulièrement significative est la place accordée à la contribution à l’élaboration du plan stratégique du plaidoyer pour la reconnaissance du GENOCOST. Cette inclusion marque un alignement avec la campagne internationale visant à faire reconnaître les génocides commis en RDC. Le ministre Mbemba lui-même n’a-t-il pas récemment appelé à une « mobilisation continentale » pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « génocide » ? Le timing de ce forum, qui suit de peu la IXe édition du Forum africain sur la justice transitionnelle tenu à Kinshasa, suggère une volonté de maintenir la dynamique sur ces questions sensibles.
La méthode choisie – l’adoption d’une déclaration finale et la mise en place d’un cadre de suivi des recommandations au sein du Ministère des Droits Humains – répond aux critiques récurrentes sur l’absence de mécanismes de mise en œuvre. Reste à savoir si cette structure de suivi disposera de l’autonomie et des ressources nécessaires pour résister aux inerties bureaucratiques et aux pressions politiques.
Ce forum national des droits humains en RDC s’inscrit dans un contexte régional volatile où les violations des droits fondamentaux continuent de défrayer la chronique. Le ministre Samuel Mbemba porte ainsi une lourde responsabilité : démontrer que la justice transitionnelle au Congo peut dépasser le stade du discours pour devenir un instrument concret de transformation sociale. Les assises d’octobre représenteront un baromètre crucial de la sincérité des engagements gouvernementaux en la matière.
La véritable mesure du succès de cette initiative ne résidera pas dans l’éloquence des discours prononcés, mais dans la capacité à produire une feuille de route opérationnelle capable de résister aux aléas politiques et sécuritaires. Alors que les populations de l’Est continuent de subir des massacres, le forum pourra-t-il impulser une nouvelle approche de la protection des droits humains ? La réponse à cette question déterminera la crédibilité future des institutions congolaises sur la scène internationale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd