Dans le village d’Ibara, à quelques kilomètres de Bunia, une révolution silencieuse est en marche. Les visages s’illuminent, les pas sont plus légers, et l’espoir renaît dans les cœurs. Grâce à une initiative remarquable de l’Association provinciale des scouts, plus de 5 000 personnes accèdent désormais à l’eau potable, mettant fin à des années de souffrance et de privation.
Imaginez-vous parcourir des kilomètres chaque jour, souvent avant le lever du soleil, pour chercher de l’eau dans des rivières insalubres. C’était le quotidien des habitants d’Ibara, confrontés à un choix impossible : se contenter d’eau contaminée ou risquer leur sécurité en se déplaçant de nuit. Combien de vies auraient pu être épargnées si l’accès à l’eau potable dans cette région de l’Ituri avait été une priorité plus tôt ?
Le projet, d’une ingéniosité remarquable, a permis la construction d’un puits de 40 mètres de profondeur, équipé d’une pompe électrique et d’un groupe électrogène. Un réservoir de 3 000 litres et une borne fontaine complètent cette infrastructure qui transforme littéralement la vie de toute une communauté. Cette réalisation concrète démontre que les solutions aux problèmes d’accès à l’eau potable en Ituri existent, pour peu qu’on y consacre les moyens nécessaires.
François Kasereka, commissaire provincial des scouts, souligne l’impact profond de cette initiative sur les plus vulnérables. « Nous avons voulu donner un peu de souffle aux mamans, enfants et jeunes filles qui rencontraient des difficultés en quête d’eau », explique-t-il. Son témoignage met en lumière une réalité souvent occultée : la quête d’eau potable dans les villages de la RDC expose principalement les femmes et les enfants à des dangers multiples, allant des maladies hydriques aux risques sécuritaires.
Les bénéficiaires, visiblement émus, partagent leur soulagement. Une habitante âgée confie : « J’utilisais trois bidons d’eau par jour, mais les transporter était pénible pour moi. Aujourd’hui, l’eau coule dans notre village. Les scouts, que Dieu vous bénisse ». Cette gratitude palpable rappelle que derrière chaque statistique sur l’accès à l’eau potable se cachent des vies humaines, des souffrances quotidiennes et des espoirs déçus.
L’initiative des scouts à Ibara dépasse largement le simple geste humanitaire. Elle questionne notre conception du développement et notre capacité à répondre aux besoins fondamentaux des populations rurales. Pourquoi des solutions aussi efficaces restent-elles l’exception plutôt que la règle dans de nombreuses localités de la RDC ? Comment expliquer que des citoyens doivent prendre en main des projets que l’État devrait normalement assurer ?
Face au succès de cette action d’adduction d’eau, l’Association des scouts de l’Ituri lance un appel pressant au gouvernement et aux partenaires humanitaires. L’objectif : étendre ce modèle à d’autres localités rurales où l’accès à l’eau potable reste un défi majeur. Cette demande soulève des questions fondamentales sur la répartition des ressources et la priorisation des investissements dans les infrastructures de base.
Le projet d’eau potable à Ibara démontre avec éloquence que l’engagement communautaire peut transformer concrètement les conditions de vie, même dans les zones les plus reculées. Il montre également que les solutions aux problèmes d’accès à l’eau en RDC ne nécessitent pas toujours des investissements pharaoniques, mais plutôt une volonté politique affirmée et une approche centrée sur les besoins réels des populations.
Alors que des milliers de Congolais continuent de lutter quotidiennement pour s’approvisionner en eau potable, l’initiative des scouts à Ibara offre un modèle reproductible et inspirant. Elle prouve que lorsque la société civile s’organise et que les compétences locales sont valorisées, des miracles sont possibles. Reste à savoir si cette étincelle d’espoir saura embraser d’autres territoires et inspirer une nouvelle approche du développement rural en République Démocratique du Congo.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
