Le projet Mbombo, véritable colonne vertébrale de l’électrification dans la région du Kasaï-Central, affiche des progrès techniques remarquables malgré les défis financiers persistants. Piloté par l’Agence nationale de l’électrification et des services énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER), cette initiative stratégique représente un investissement de 150 millions de dollars américains pour transformer le paysage énergétique de Kananga et ses environs.
Les études de faisabilité technique, incluant l’aménagement hydroélectrique, l’impact environnemental et social ainsi que les voies d’accès, atteignent un niveau d’avancement sans précédent selon les déclarations officielles. Ces travaux préparatoires, financés sur fonds propres par l’ANSER RDC, constituent une étape décisive dans la matérialisation de ce projet vieux de plusieurs décennies.
Le modèle économique retenu pour le financement projet énergie RDC repose sur un partenariat public-privé classique, mais se heurte à une réalité budgétaire contraignante. Cyprien Musimar, Directeur Général de l’ANSER, souligne que « l’effort de guerre prend plus de place que les autres projets », créant ainsi une tension sur la trésorerie nationale. Cette situation compromet la contribution étatique attendue, évaluée entre 20 et 30% du coût global.
Comment expliquer cette paradoxale situation où six entreprises privées se déclarent prêtes à financer 70 à 80% du projet, mais exigent une garantie étatique que le gouvernement peine à fournir ? La réponse réside dans le climat des investissements en RDC, où les opérateurs privés recherchent la sécurité que seule une participation publique significative peut apporter.
La centrale hydroélectrique Mbombo, dont les travaux ont été officiellement lancés le 15 février dernier à Kananga, représente bien plus qu’un simple projet d’infrastructure. Elle incarne l’ambition nationale d’atteindre 62% de taux d’accès à l’électricité d’ici 2030. Avec un calendrier de réalisation étalé sur deux ans et demi, ce projet pourrait révolutionner l’économie locale et régionale.
Face aux contraintes de financement, une solution émerge à travers le programme Compact énergétique, financé par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Ce programme, doté de 37 milliards de dollars, vise à impacter 300 millions d’habitants au sud du Sahara, dont 82 millions en RDC. L’intégration du projet Mbombo dans ce dispositif international pourrait constituer la bouée de sauvetage tant attendue.
L’ANSER RDC, dans son rôle de pilote de la politique nationale d’électrification, démontre une capacité remarquable à avancer malgré les obstacles. L’agence compte actuellement 65 projets en cours d’exécution répartis sur 53 territoires, avec un taux d’exécution physique de 53% qui contraste avec un taux de paiement global de seulement 28%. Cette dissonance entre réalisation technique et fluidité financière illustre les défis structurels du secteur énergétique congolais.
La finalisation imminente de quatre nouveaux ouvrages à Basankusu, Bongandanga, Tshimbulu et Kalamba portera à 26 le nombre d’ouvrages achevés par l’ANSER, impactant ainsi près d’un million de personnes. Ces réalisations concrètes démontrent la viabilité du modèle de l’agence, même dans un contexte financier difficile.
Le projet Mbombo représente donc un test crucial pour la capacité de la RDC à mobiliser les financements nécessaires à son développement énergétique. Son succès ou son échec enverra un signal fort aux investisseurs internationaux quant à la maturité économique du pays. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques qui doivent trancher sur l’alignement du projet avec le programme Compact énergétique.
À l’heure où l’électrification Kananga constitue un enjeu de développement majeur, le projet Mbombo apparaît comme un baromètre de la volonté politique réelle de transformer le secteur énergétique congolais. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si cette initiative deviendra le moteur de développement espéré ou rejoindra le cimetière des projets ambitieux mais non financés.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
