Le quartier Mboloko, dans la commune de Matete, a été le théâtre d’une tragédie humaine ce samedi, alors que quatre agents municipaux œuvraient au curage des caniveaux. Leur dévouement pour assainir leur environnement s’est brutalement interrompu lorsque d’anciens bétons, fragilisés par le temps, se sont effondrés sur eux. Trois travailleurs ont été violemment heurtés par ces structures délabrées, scellant le destin de deux d’entre eux qui n’ont pas survécu à leurs blessures.
« Il y a un problème très sérieux, nous avons perdu deux personnes », confie Jules Mukumbi, bourgmestre de Matete, visiblement ébranlé par la scène à laquelle il a assisté. Comment une opération d’intérêt public peut-elle se transformer en cauchemar pour des familles congolaises ? La réponse semble se trouver dans cette combinaison fatale entre des infrastructures vétustes et des conditions de travail précaires.
Le drame s’est produit alors que le tractopelle effectuait des manœuvres après l’évacuation des déchets. L’engin a heurté des murs qui « n’étaient plus forts », selon les termes du bourgmestre, provoquant leur écroulement sur les travailleurs. Un troisième agent a été grièvement blessé et se trouve actuellement pris en charge dans un centre de santé du quartier Mandina, tandis qu’un quatrième a miraculeusement échappé au pire.
Les deux victimes décédées ont été acheminées vers la morgue de l’hôpital général de référence Omeko à Matete, laissant derrière elles des familles dévastées et des collègues traumatisés. Cette tragédie soulève des questions cruciales sur les conditions de sécurité des travailleurs municipaux à Kinshasa. Les accidents de travail dans le cadre des travaux publics sont-ils une fatalité ou le résultat de négligences évitables ?
Ironie du sort, ces travaux de curage engagés depuis un mois dans la commune de Matete avaient pour objectif de protéger la population. Ils ont permis la réouverture de plusieurs collecteurs d’eau obstrués depuis des années par des couches de sable et des déchets plastiques. Ces canalisations décongestionnées devaient justement prévenir les risques d’inondations pendant la saison des pluies. Mais à quel prix humain ?
La mort de ces deux agents lors d’un accident de travail à Matete interpelle sur l’urgence de revoir les protocoles de sécurité lors des opérations de curage des caniveaux à Kinshasa. L’effondrement de béton dans ce quartier populaire n’est malheureusement pas un incident isolé. Combien de vies devront encore être sacrifiées avant que des mesures concrètes ne soient prises pour protéger ceux qui risquent leur vie quotidiennement pour améliorer notre cadre de vie ?
Cette tragédie met en lumière le paradoxe des travaux publics en République Démocratique du Congo : essentiels pour le développement, ils se déroulent souvent dans des conditions mettant en danger la vie des travailleurs. Les décès de travailleurs lors d’opérations d’assainissement posent la question de la valeur accordée à la vie humaine dans nos chantiers publics. Quand le curage des caniveaux à Kinshasa devient une activité mortifère, n’est-il pas temps de repenser fondamentalement notre approche de la sécurité sur les chantiers ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd