Dans le contexte politique tendu que traverse le Haut-Katanga, l’appel à la stabilité institutionnelle lancé par Bobo Malulu Kalungwe, ministre provincial de l’agriculture, pêche et élevage, résonne comme un plaidoyer stratégique. Cet éminent cadre de l’Union sacrée de la nation a choisi la tribune symbolique de l’Université de Lubumbashi pour délivrer son message, lors d’une manifestation populaire organisée par sa fondation ce samedi.
Le ministre provincial n’a pas mâché ses mots en exprimant son soutien sans réserve au Président Félix Tshisekedi, soulignant « son implication pour que notre province soit en paix ». Cette déclaration intervient à un moment où la stabilité des institutions du Haut-Katanga apparaît plus que jamais comme un enjeu crucial pour le développement provincial. La question mérite d’être posée : cet appel traduit-il une inquiétude réelle quant à la fragilité des équilibres politiques régionaux ?
La position de Bobo Malulu Kalungwe s’inscrit dans une dynamique plus large de consolidation du pouvoir présidentiel dans cette région stratégique. En associant explicitement l’Assemblée provinciale et le gouvernement provincial dans son plaidoyer pour la stabilité institutionnelle, le ministre esquisse les contours d’une gouvernance triangulaire où chaque acteur doit trouver sa place. Cette vision harmonieuse des relations institutionnelles cache-t-elle des tensions sous-jacentes que la communication officielle ne saurait révéler ?
La Fondation Baba Zive, à travers la voix de Jimmy Ndombe, député provincial et cadre de cette structure, apporte un éclairage supplémentaire sur les enjeux de stabilité dans le Haut-Katanga. En saluant les « efforts remarquables » du président de l’Assemblée et du gouverneur intérimaire Martin Kazembe, le parlementaire provincial dresse un tableau optimiste des avancées accomplies. Cependant, ce discours laudateur ne masque-t-il pas des réalités plus complexes en matière de gouvernance locale ?
Le député Ndombe a profité du 14ème anniversaire de la Fondation Baba Zive pour mettre en lumière l’action sociale de cette structure, notamment son accompagnement de 1.000 orphelins et ses programmes de lutte contre le chômage. Cette dimension sociale apparaît comme un élément clé dans la stratégie de consolidation de la paix et de la stabilité institutionnelle. La prise en charge des vulnérabilités sociales constitue-t-elle le socle indispensable à toute stabilité politique durable dans la province ?
L’événement de samedi dernier révèle les subtilités de la politique RDC, où fondations et structures para-étatiques jouent un rôle croissant dans la régulation du jeu politique local. La convergence des messages entre Bobo Malulu Kalungwe et Jimmy Ndombe illustre cette intrication entre action politique formelle et mobilisation sociale organisée. Cette approche intégrée représente-t-elle un nouveau modèle de gouvernance pour le développement provincial ?
La référence répétée à la stabilité des institutions du Haut-Katanga traduit une préoccupation majeure des acteurs politiques locaux. Dans une province au potentiel économique considérable, la recherche de l’équilibre institutionnel devient un impératif pour attirer les investissements et garantir un développement harmonieux. Les déclarations des deux personnalités politiques laissent entrevoir une conscience aiguë des enjeux économiques liés à la stabilité politique.
Le soutien affiché au président Tshisekedi s’inscrit dans une logique de consolidation de l’autorité de l’État central tout en préservant les spécificités provinciales. Cette recherche d’équilibre entre allégeance nationale et autonomie locale caractérise la complexité des relations entre Kinshasa et les provinces dans la politique RDC contemporaine. Bobo Malulu Kalungwe et Jimmy Ndombe apparaissent comme des acteurs clés dans cette médiation délicate.
Alors que le Haut-Katanga continue de jouer un rôle pivot dans l’économie nationale, la stabilité de ses institutions demeure un enjeu stratégique pour l’ensemble de la République Démocratique du Congo. Les appels lancés lors de cette manifestation populaire résonnent comme un avertissement et une opportunité : celui de construire une gouvernance provinciale capable de conjuguer développement économique et cohésion sociale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd