Le bilan est effarant, glaçant même. Au cœur de la province du Haut-Katanga, la route se transforme en véritable champ de bataille où la vie humaine ne semble plus avoir de valeur. Entre janvier et juin 2025, pas moins de 1200 accidents de la route ont été enregistrés, emportant avec eux 182 vies humaines. Des chiffres qui donnent le vertige et qui poussent à s’interroger : comment en sommes-nous arrivés là ?
« La plupart de ceux qui conduisent n’ont pas été formés. Lors des séances de recyclage, on constate une méconnaissance totale du code de la route », déplore Christophe Liya, le chef de la Division technique de la CNPR du Haut-Katanga. Cette déclaration fait froid dans le dos quand on sait que chaque jour, des centaines de véhicules circulent sur les axes katangais.
La ville de Lubumbashi, poumon économique de la région, concentre à elle seule plus de 670 accidents et 87 décès. Un triste record qui interpelle tous les acteurs de la société. La route de contournement dans la commune annexe est pointée du doigt comme l’un des axes les plus meurtriers. Comment expliquer que certaines portions routières deviennent des pièges mortels pour les usagers ?
L’analyse des causes principales de ces accidents routiers au Haut-Katanga révèle un cocktail explosif : excès de vitesse, ivresse au volant, mauvais dépassements, fausses manœuvres, ignorance du code de la route et manque de signalisation routière. Autant de facteurs qui, combinés, créent les conditions idéales pour le drame.
La sécurité routière en RDC semble être le parent pauvre des politiques publiques. Pourtant, des initiatives avaient vu le jour. En 2024, en partenariat avec l’entreprise chinoise CREC 7, la CNPR avait implanté plus de 400 panneaux entre Lubumbashi et Kasumbalesa. Mais l’incivisme a frappé : 140 de ces panneaux ont été détruits en moins d’un mois. Comment bâtir une culture de sécurité routière quand les efforts collectifs sont ainsi sabotés ?
La mortalité routière au Congo atteint des proportions alarmantes dans le Haut-Katanga. Les conducteurs, souvent non formés, circulent sans maîtriser les règles élémentaires de sécurité. L’absence de courtoisie routière devient la norme plutôt que l’exception. Que faire face à cette situation qui semble échapper à tout contrôle ?
La CNPR Lubumbashi tire la sonnette d’alarme et formule des recommandations urgentes : renforcement de la formation des conducteurs, mise en place de sanctions strictes, vigilance accrue sur les routes et réhabilitation des infrastructures routières. Des mesures qui, si elles étaient appliquées, pourraient sauver des centaines de vies chaque année.
Mais au-delà des recommandations techniques, c’est toute une mentalité qu’il faut faire évoluer. Le code route RDC existe, mais qui le respecte véritablement ? Les accidents route Haut-Katanga ne sont pas une fatalité. Ils sont le résultat de comportements irresponsables, d’un manque d’infrastructures adaptées et d’une certaine laxité dans l’application des règles.
La situation actuelle interroge notre rapport collectif à la vie humaine. Comment accepter que tant de personnes perdent la vie sur les routes alors que des solutions existent ? La sécurité routière doit devenir une priorité nationale, un enjeu de société qui mobilise l’ensemble des acteurs, des autorités aux simples citoyens.
Le temps n’est plus aux constats amers mais à l’action déterminée. Chaque vie perdue sur les routes du Haut-Katanga est un échec collectif, une tragédie qui aurait pu être évitée. Il est urgent de repenser notre approche de la sécurité routière, de former sérieusement les conducteurs et de sanctionner sévèrement les comportements dangereux. Le prix de l’inaction se mesure en vies humaines, et ce prix devient chaque jour plus insupportable.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
