À trois ans seulement des prochaines échéances électorales en République Démocratique du Congo, l’ONG Rien sans les femmes a déjà enclenché sa dynamique préparatoire en faveur de la participation féminine aux scrutins de 2028. Le lancement officiel du projet « TUFAULU PAMOJA 2 », intervenu ce samedi 4 octobre à Kinshasa, marque le début d’une ambitieuse campagne d’accompagnement des femmes politiques RDC aspirant à des mandats électifs.
Cette initiative d’envergure nationale, conçue pour s’étendre sur une période de trois ans, cible spécifiquement l’accompagnement de plus de 1 000 femmes engagées en politique dans six villes stratégiques du pays : Kalemie, Bunia, Goma, Bukavu, Kinshasa et Kisangani. La quintessence de ce programme réside dans son approche holistique combinant formation collective et mentorat personnalisé, répondant ainsi aux défis spécifiques que rencontrent les femmes politiques RDC dans leur parcours vers les instances décisionnelles.
Nathalie Yoka, chargée des programmes au sein du Mouvement Rien sans les femmes, a détaillé les mécanismes opérationnels de ce projet lors de la session de lancement. « Notre objectif est de créer un écosystème favorable à l’émergence et au renforcement des capacités leadership des femmes en politique », a-t-elle souligné. Le dispositif prévoit l’installation de bureaux-conseils spécialisés dans chaque ville ciblée, offrant ainsi un cadre institutionnel pérenne pour le coaching des candidates potentielles.
La méthodologie adoptée par TUFAULU PAMOJA 2 repose sur un accompagnement intensif et personnalisé. Chaque bénéficiaire pourra participer à quatre sessions de formation collective mensuelle, couvrant des thématiques variées allant de la communication politique à la stratégie électorale, en passant par le fundraising et la gestion de campagne. Complétant ce volet collectif, un programme de mentorat individualisé garantira un suivi sur mesure avec au moins une séance de coaching bimensuelle par participante.
Mais quelle est la valeur ajoutée réelle de cet accompagnement pour les femmes politiques RDC confrontées au paysage électoral souvent complexe du pays ? La réponse réside peut-être dans l’approche intégrée qui combine renforcement technique des capacités et développement du réseau d’influence, deux éléments déterminants pour réussir dans l’arène politique congolaise.
L’initiative a reçu un accueil particulièrement enthousiaste de la part des premières concernées. Cathy Dondjua, membre du parti Ensemble pour la République, présente lors du lancement, a salué « une démarche innovante et nécessaire pour corriger le déséquilibre de représentation entre hommes et femmes dans les instances de décision ». Son témoignage reflète l’aspiration générale des femmes politiques à bénéficier d’un encadrement professionnel adapté à leurs spécificités.
Le financement de ce projet ambitieux est assuré par l’ambassade de Suède, à travers CARITAS Angleterre et Pays de Galles, confirmant ainsi l’intérêt de la communauté internationale pour la promotion de la participation féminine dans les processus démocratiques en RDC. Ce soutien financier extérieur soulève cependant des questions sur la pérennisation de tels programmes au-delà des cycles de financement internationaux.
Alors que le pays s’achemine progressivement vers les élections de 2028, la question de la participation féminine aux instances décisionnelles demeure plus que jamais d’actualité. Les femmes politiques RDC représentent-elles simplement une variable d’ajustement dans l’équation électorale ou constituent-elles véritablement une force politique émergente capable d’influer sur le destin national ? Le projet TUFAULU PAMOJA 2 semble vouloir apporter une réponse concrète à cette interrogation fondamentale.
L’installation des bureaux-conseils à Kinshasa marque une étape cruciale dans la matérialisation de cette vision. Ces espaces dédiés serviront de plateformes d’échanges, de formation et de networking pour les femmes engagées en politique, quelle que soit leur affiliation partisane. Cette approche inclusive témoigne de la volonté des organisateurs de transcender les clivages politiques traditionnels au profit d’un objectif commun : renforcer la présence feminine dans les arènes décisionnelles.
Le chemin vers une représentation équilibrée entre hommes et femmes dans la sphère politique congolaise reste semé d’embûches, mais des initiatives comme TUFAULU PAMOJA 2 contribuent significativement à aplanir les obstacles structurels et culturels qui entravent l’épanouissement politique des femmes. La réussite de ce projet pourrait bien déterminer le visage du paysage politique congolais post-2028 et marquer un tournant décisif dans l’histoire de la participation féminine aux affaires publiques en RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
