Elles traversent les rues de Kinshasa, Lubumbashi ou Goma dans l’ombre, confrontées à un double combat : celui d’être femme dans une société aux traditions patriarcales persistantes, et celui de vivre avec un handicap dans un pays où les infrastructures adaptées relèvent presque du luxe. Comment ces femmes parviennent-elles à se frayer un chemin lorsque la société semble leur tourner le dos ?
La République Démocratique du Congo dispose pourtant d’un arsenal juridique impressionnant pour protéger les femmes handicapées RDC. La ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2015 et l’adoption de la Loi n° 22/003 en 2022 témoignent d’une volonté politique affichée. Mais entre les textes et la réalité, le fossé reste abyssal.
« Beaucoup d’écoles, d’hôpitaux et même d’institutions publiques ne respectent pas les normes d’accessibilité prévues par la loi », déplore Me Richard Righo, avocat spécialisé en droits sociaux. Cette discrimination handicap Congo se manifeste dans tous les aspects de la vie quotidienne, créant une marginalisation systémique qui touche particulièrement les femmes.
Le domaine de l’éducation illustre parfaitement cette rupture entre théorie et pratique. Alors que la loi garantit l’accès éducation handicapés, les jeunes filles handicapées restent les grandes oubliées du système scolaire. L’absence de rampes d’accès, de manuels adaptés et d’accompagnement spécialisé transforme l’école en parcours du combattant. Combien de talents se perdent ainsi, faute d’aménagements raisonnables ?
La santé, particulièrement la santé reproductive, représente un autre champ de bataille pour ces femmes. « Certaines femmes se voient refuser la consultation gynécologique faute d’équipements adaptés », souligne Me Righo. Cette situation constitue une violation flagrante des droits personnes handicapées RDC et particulièrement des santé reproductive femmes handicapées. Comment parler d’égalité lorsque des femmes sont privées de soins essentiels en raison de leur handicap ?
Dans le monde professionnel, le constat est tout aussi amer. Les femmes handicapées se heurtent à des préjugés tenaces qui les écartent systématiquement du marché de l’emploi. Sous couvert d’incapacité présumée, elles se voient refuser des opportunités pour lesquelles elles sont pourtant qualifiées. Cette exclusion économique aggrave leur précarité et les maintient dans une dépendance sociale.
La solution réside-t-elle dans une meilleure application des textes existants ? Pour Me Righo, « tant que les victimes ne peuvent pas saisir facilement les tribunaux pour faire valoir leurs droits, les lois resteront lettre morte ». L’urgence est donc de créer des mécanismes de recours accessibles et efficaces, accompagnés de sanctions dissuasives pour les institutions récalcitrantes.
Au-delà des aspects juridiques, c’est toute une transformation sociale qui s’impose. Former les agents publics à l’accueil des personnes handicapées, adapter progressivement les infrastructures, sensibiliser la société congolaise dans son ensemble : autant de défis qui nécessitent une volonté politique ferme et des ressources appropriées.
La lutte des femmes handicapées en RDC dépasse le cadre strict du handicap. Elle interroge fondamentalement notre capacité collective à construire une société véritablement inclusive, où chaque citoyenne, quelles que soient ses particularités, peut exercer pleinement ses droits et contribuer au développement du pays. Le chemin reste long, mais chaque pas vers l’égalité réelle représente une victoire pour l’humanité tout entière.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd