Quinze mois après son entrée en fonction, le ministre des Finances Doudou Fwamba présente un bilan économique contrasté mais globalement positif pour la République Démocratique du Congo. Son action, marquée par une approche keynésienne assumée, a permis de juguler une inflation galopante et de relancer la machine économique nationale, au prix cependant d’un creusement maîtrisé du déficit public.
Quelle stratégie a permis cette stabilisation macroéconomique remarquable ? Le ministre a opté pour une politique budgétaire expansionniste combinant hausse des investissements publics et allègements fiscaux ciblés. Résultat : l’inflation, qui frôlait les 22% à son arrivée, a été contenue tandis que le franc congolais s’est stabilisé autour de 2 850 FC pour un dollar américain. La croissance économique, quant à elle, a atteint 6,5% en 2024, dépassant ainsi les prévisions du Fonds Monétaire International.
Cette performance s’est toutefois accompagnée d’un doublement du déficit public, passé de 0,8% à 1,6% du PIB. Une évolution principalement imputable aux dépenses sécuritaires accrues, financées par l’émission d’obligations du Trésor. Cette approche a préservé la crédibilité financière de l’État tout en maintenant les équilibres fondamentaux.
La véritable transformation s’opère aujourd’hui dans le passage d’une stabilisation conjoncturelle à un développement structurel durable. La diversification économique et la promotion de la production locale constituent les piliers de cette nouvelle phase. Comment réduire la dépendance aux importations qui pèse sur la balance commerciale ? La réponse semble résider dans un partenariat renforcé avec la Banque Africaine de Développement.
La coopération avec la BAD a en effet été intensifiée, permettant d’accélérer la mise en œuvre d’un portefeuille de projets de 6 milliards de dollars. Parmi les initiatives phares, un programme agricole de 540 millions de dollars vise à stimuler la production locale. Des infrastructures structurantes comme la route nationale n°1 et le barrage de Katende illustrent cette stratégie orientée vers la durabilité et la création d’emplois.
La modernisation des finances publiques représente l’autre versant de cette politique économique ambitieuse. Le budget 2026, estimé à 20,3 milliards de dollars, s’appuie sur une amélioration notable de la performance des régies financières. Les recettes collectées entre janvier et août 2025 atteignent 18 110 milliards de francs congolais, soit 98% des prévisions établies.
Plusieurs réformes structurelles sont en cours pour consolider ces acquis : généralisation de la facture normalisée, télédéclaration de la TVA, digitalisation des services et fiscalisation des placements bancaires. Ces innovations technologiques visent à renforcer la transparence et l’efficacité du système fiscal congolais.
La politique budgétaire congolaise, sous l’impulsion de Doudou Fwamba, semble ainsi avoir trouvé un équilibre entre stimulation économique et rigueur financière. La diversification économique en RDC s’accélère, portée par des investissements stratégiques dans l’agriculture et les infrastructures. La coopération avec la BAD représente un levier essentiel pour transformer cette dynamique en développement pérenne.
Le défi reste maintenant de maintenir cette trajectoire positive tout en approfondissant les réformes structurelles. La croissance économique de la RDC en 2024, bien qu’impressionnante, ne doit pas masquer la nécessité de poursuivre la modernisation des institutions et l’amélioration du climat des affaires. L’avenir dira si cette politique de diversification économique en RDC portera ses fruits sur le long terme.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd