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Dialogue national RDC : Bintou Keita valide la feuille de route religieuse malgré les réserves de Tshisekedi

Dans le théâtre diplomatique congolais, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies, Bintou Keita, a présenté aux États membres du Conseil de sécurité un bilan contrasté des avancées enregistrées pour la tenue d’un dialogue national RDC. Cette présentation intervient alors que les initiatives diplomatiques de Washington et de Doha peinent à produire les résultats escomptés sur le terrain.

La cheffe de la MONUSCO a particulièrement mis en lumière l’initiative portée par les confessions religieuses, qualifiant la feuille de route confessions religieuses dévoilée en août dernier d’« étape décisive » pour l’ouverture de l’espace civique et le renforcement de la cohésion nationale. « Ouvrir l’espace civique et renforcer la cohésion sociale sont essentiels. Sans cela, les élections générales de 2028 ne pourront bénéficier d’un climat de sécurité et de confiance », a-t-elle déclaré avec une lucidité qui interpelle.

Mais derrière ce satisfecit affiché, Bintou Keita ONU a également lancé un appel à la prudence, soulignant l’impérieuse nécessité d’une inclusivité réelle dans ce processus paix RDC. « J’appelle tous les responsables politiques à être inclusifs. À condamner les discours de haine d’où qu’ils proviennent. À choisir le dialogue », a-t-elle recommandé, dans un contexte où certaines voix dénoncent déjà l’absence de représentativité dans cette initiative.

La feuille de route, articulée autour de quatre étapes fondamentales, constitue la trame du Processus national et inclusif de Paix. Les principales confessions religieuses – CENCO, ECC, Plateforme des Confessions Religieuses et Coalition Interconfessionnelle pour la Nation – entendent ainsi jeter les bases structurelles du « Pacte Social pour la Paix et le Bien-Vivre Ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Une ambition louable, mais qui se heurte aux réalités politiques congolaises.

Le président Félix Tshisekedi, quant à lui, joue habilement sa partition. Tout en soutenant officiellement l’initiative des confessions religieuses, il a réaffirmé avec fermeté qu’« aucune initiative de dialogue ne peut se faire en dehors de son initiative ». Cette position, exprimée lors du congrès de l’Union sacrée pour la nation, dessine les contours d’une stratégie politique subtile : soutenir le dialogue national RDC tout en en conservant le contrôle exclusif.

Comment interpréter cette dualité apparente ? Le chef de l’État congolais semble vouloir capitaliser sur le soutien international tout en préservant sa mainmise sur le processus. Son attachement aux accords de Washington et au processus de Doha s’inscrit dans cette logique : des initiatives diplomatiques qu’il peut instrumentaliser pour contrer les influences extérieures tout en consolidant son leadership interne.

La question qui se pose désormais est celle de la crédibilité réelle de ce processus paix RDC. Les confessions religieuses pourront-elles préserver leur indépendance face à l’instrumentalisation politique ? Le calendrier serré des élections 2028 RDC ne risque-t-il pas de précipiter un processus qui nécessite au contraire maturation et consensus large ?

L’appel de Bintou Keita ONU à l’inclusivité et à la condamnation des discours de haine prend ici toute sa signification. Dans un pays marqué par les divisions et les conflits armés persistants, la feuille de route des confessions religieuses représente peut-être la dernière chance d’un dialogue authentiquement national. Mais sa réussite dépendra de la capacité des acteurs politiques à dépasser leurs calculs partisans pour embrasser l’intérêt supérieur de la nation.

Alors que la communauté internationale observe avec attention l’évolution de cette initiative, le président Tshisekedi se trouve à la croisée des chemins. Saura-t-il transformer l’essai en actes concrets, ou cette feuille de route confessions religieuses rejoindra-t-elle le long cortège des tentatives avortées de réconciliation nationale ? La réponse se construira dans les prochains mois, au rythme des « actes d’État » que réclament impatiemment les confessions religieuses.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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