Dans un contexte marqué par des défis budgétaires et sécuritaires persistants, le président de l’Assemblée provinciale de la Tshopo, Matheus Kanga Londimo, a lancé un appel sans précédent au renforcement du contrôle parlementaire. Cette position ferme, exprimée lors de l’ouverture de la session ordinaire, interpelle autant qu’elle questionne : les députés provinciaux sauront-ils relever le défi de la vigilance face à l’exécutif ?
Le ton était donné dès les premiers mots de son discours. Matheus Kanga Londimo a placé la session budgétaire 2024 « sous le signe de la responsabilité et de la vigilance », établissant ainsi un cadre exigeant pour les travaux parlementaires à venir. Cette orientation stratégique ne relève pas du simple formalisme procédural, mais constitue un véritable changement de paradigme dans la pratique du contrôle parlementaire en province.
« Si nous choisissons la complaisance, nous trahirons la confiance de notre population », a-t-il martelé avec une conviction qui ne laisse place à aucune ambiguïté. Cette déclaration, lourde de sens, semble pointer du doigt certaines pratiques antérieures tout en traçant une ligne de conduite exigeante pour l’avenir. Le président de l’Assemblée provinciale RDC de la Tshopo va même plus loin en évoquant le sacrifice des « dividendes personnelles », suggérant ainsi que l’exercice rigoureux du contrôle pourrait heurter certains intérêts particuliers.
La métaphore du « garde-fou » employée par Kanga Londimo mérite qu’on s’y attarde. Ce terme, emprunté au vocabulaire technique désignant les dispositifs de sécurité, traduit une vision où le contrôle parlementaire n’est pas perçu comme une opposition systématique, mais comme un mécanisme d’accompagnement et de prévention. « Le contrôle n’est pas un acharnement, c’est un mécanisme pour accompagner l’exécutif et éviter les dérapages », a-t-il précisé, cherchant ainsi à désamorcer d’éventuelles tensions tout en maintenant l’exigence de rigueur.
Au-delà des considérations budgétaires, l’alerte sécuritaire lancée par le président de l’Assemblée provinciale introduit une dimension critique supplémentaire. Les plus de cent cas de vols à main armée recensés depuis le début de l’année dessinent une situation préoccupante qui dépasse le simple cadre administratif. Cette dégradation de la sécurité dans la province Tshopo interroge fondamentalement la capacité des institutions à garantir la protection des citoyens, mission régalienne s’il en est.
L’appel urgent au gouvernement provincial et au conseil provincial de sécurité révèle une préoccupation tangible face à l’incapacité des mécanismes existants à endiguer la violence. La sécurité province Tshopo devient ainsi un enjeu transversal qui dépasse les clivages politiques traditionnels et impose une réponse coordonnée de l’ensemble des acteurs institutionnels.
Quelles seront les conséquences pratiques de cette prise de position ? Le contrôle parlementaire exercé par l’Assemblée provinciale RDC saura-t-il se transformer en outils concrets de suivi de l’exécution budgétaire ? La session budgétaire 2024 constituera-t-elle un tournant dans les pratiques de gouvernance provinciale ? Autant de questions qui restent en suspens et dont les réponses dépendront de la capacité des députés à transcender les logiques partisanes pour privilégier l’intérêt général.
La balle est désormais dans le camp des élus provinciaux. Devront-ils, comme le suggère leur président, accepter de renoncer à certains avantages immédiats au profit d’un contrôle renforcé de l’action gouvernementale ? Le pari de Matheus Kanga Londimo est audacieux, car il suppose une adhésion collective à une éthique exigeante du service public. L’avenir dira si cet appel à la responsabilité trouvera un écho favorable ou s’il restera un vœu pieux dans le paysage politique congolais.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net