« Parcourir cette route est devenu un sérieux problème. Des fois, nous refusons de passer par ici car nos engins tombent chaque fois en panne. Vous pouvez commencer le voyage sans espoir de le terminer sans panne ou même d’arriver à destination le même jour. » La voix de ce taximan moto sur la route Walikale Kibua porte toute l’amertume des usagers quotidiens de cet axe devenu un véritable calvaire.
Le tronçon routier Walikale-Kibua, situé sur la route provinciale Walikale-Goma dans le Nord-Kivu, représente aujourd’hui l’un des pires exemples de la dégradation des infrastructures routières en RDC. Long de seulement 80 kilomètres, ce parcours nécessite désormais une journée entière en moto, transformant ce qui devrait être un trajet simple en une épreuve quotidienne pour des centaines de personnes.
La situation actuelle de cette route Walikale Kibua dépasse l’entendement. Des bourbiers profonds se sont formés sur l’ensemble du trajet, rendant le transport des personnes et des biens extrêmement difficile. Les taxis motos RDC qui empruntent quotidiennement cet axe doivent faire face à des conditions de circulation dignes d’un parcours du combattant.
« Rouler sur cette route devient vraiment un problème. Partout des nids de poules. Des bourbiers, des glissades, on ne plus rouler avec une vitesse normale. Il faut aller lentement pour éviter des cas d’accidents qui deviennent fréquents. Pour éviter de tomber à chaque instant, nous nous sommes créés des rails où nous mettons le pneu », témoigne un conducteur rencontré sur place.
Les conséquences de cet état des routes Nord-Kivu sont multiples et graves. Outre l’augmentation significative des accidents, les conducteurs constatent une hausse drastique de leur consommation de carburant. « Auparavant on pouvait consommer 3 litres de carburant lorsque la route était encore carrossable. Mais aujourd’hui, nous allons jusqu’à 6 litres », déplore un taximan.
Cette surconsommation a naturellement entraîné une augmentation du prix du transport, passant de 35.000 à 50.000 FC pour le trajet Walikale-Kibua. Une hausse qui pèse lourdement sur les voyageurs déjà éprouvés par les conditions de déplacement.
Le paradoxe est cruel pour les usagers : ils paient plus cher pour un service qui se dégrade. « Chaque fois nous descendons de l’engin car le conducteur est incapable de rouler avec des passagers sur sa moto. Beaucoup de kilomètres, nous les parcourons à pied alors que nous payons cher le transport. On se demande même pourquoi on paye tout cet argent », s’interroge un voyageur visiblement épuisé.
Comment en est-on arrivé à cette situation où les infrastructures routières Congo montrent un tel niveau de délabrement ? La route Walikale Kibua symbolise l’abandon dont souffrent de nombreuses régions de l’est de la RDC. Pendant que les usagers luttent quotidiennement pour leurs déplacements, les solutions proposées semblent bien insuffisantes face à l’ampleur des dégâts.
Les autorités locales ont bien lancé des travaux de désherbage, mais cette initiative est jugée dérisoire par les principaux concernés. Taxis motos et voyageurs unissent leurs voix pour réclamer des solutions plus ambitieuses, notamment la mise en place d’un système de cantonnage manuel qui permettrait aux véhicules de circuler dans des conditions acceptables.
La question qui se pose est fondamentale : jusqu’à quand les populations du Nord-Kivu devront-elles subir cet isolement progressif ? L’état pitoyable de la route Walikale-Kibua ne concerne pas seulement le transport, mais affecte l’ensemble de l’économie locale, l’accès aux soins, à l’éducation et aux marchés.
Les témoignages recueillis sur place dressent le portrait d’une population résiliente mais épuisée. Entre les risques d’accidents, le coût exorbitant des trajets et la perte de temps considérable, les usages de cet axe routier vivent au rythme des saisons et de la détérioration continue de leur principal moyen de désenclavement.
Au-delà des simples réparations ponctuelles, c’est une véritable politique de maintenance et de développement des infrastructures routières qui semble nécessaire. Le transport Walikale vers les zones environnantes représente un enjeu crucial pour le développement de toute la région. Sans routes praticables, comment envisager un avenir prospère pour ces communautés ?
La route Walikale Kibua devient ainsi le symbole des défis immenses auxquels fait face la RDC en matière d’infrastructures. Entre négligence, manque de moyens et priorisations politiques discutables, les populations continuent de payer le prix fort de l’isolement. Jusqu’à quand devront-elles attendre une solution durable à ce calvaire quotidien ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
