La session budgétaire de septembre 2025 s’ouvre sur une tempête politique à Kinshasa. Le gouverneur Daniel Bumba se retrouve dans l’œil du cyclone, contraint de comparaître devant l’Assemblée provinciale pour répondre d’une question orale avec débat initiée par le député Aubin Makanu Isukama. Cette convocation, aussi rare que symbolique, met en lumière les dysfonctionnements persistants dans la gestion des finances publiques de la capitale congolaise.
Le député Makanu dresse un bilan accablant de la Direction générale des Recettes de Kinshasa (DGRK), autrefois considérée comme le poumon financier de la province. Comment expliquer une telle érosion des recettes, passées de près de 5 millions de dollars mensuels à peine 2 millions depuis l’arrivée de l’actuel gouverneur ? Cette chute vertigineuse interroge sur l’efficacité des méthodes de collecte et la transparence dans l’administration fiscale.
Les critiques portent particulièrement sur l’opacité entourant certaines taxes, dont celle de 5 dollars perçue à l’aéroport de N’djili. « La taxe d’embarquement ainsi que la taxe de stationnement semblent ne jamais atteindre le trésor de la ville », accuse le député provincial. Cette révélation soulève des questions fondamentales sur le circuit des fonds publics et la traçabilité des ressources de l’État.
Au-delà des simples chiffres, c’est toute la gouvernance de la ville qui est mise en cause. Le non-paiement récurrent des agents des services provinciaux dessine le portrait d’une administration en souffrance, tandis que les marchés urbains, décrits comme « des foyers d’insalubrité », témoignent d’un abandon préoccupant des services de base. La situation du marché central de Kinshasa, dont la réouverture reste incertaine, symbolise cette paralysie gestionnaire qui affecte directement l’économie locale et le quotidien des Kinois.
Le timing de cette interpellation n’est pas anodin. Alors que s’ouvre la session budgétaire, les élus provinciaux semblent vouloir envoyer un message clair à l’exécutif : la gestion des deniers publics ne saurait être une affaire de circonstance. Daniel Bumba joue ici bien plus que sa crédibilité personnelle ; c’est la légitimité même de son administration qui se trouve mise à l’épreuve.
Cette confrontation entre l’exécutif provincial et les représentants du peuple révèle les tensions sous-jacentes qui traversent les institutions kinoises. La question des finances publiques en RDC dépasse le simple cadre technique pour devenir un enjeu éminemment politique. Comment assurer une gestion transparente des taxes à Kinshasa quand les mécanismes de contrôle semblent défaillants ?
Les prochains jours s’annoncent déterminants pour l’avenir politique du gouverneur. Sa capacité à apporter des réponses convaincantes devant l’Assemblée provinciale pourrait conditionner non seulement son maintien à la tête de la province, mais aussi la confiance des partenaires techniques et financiers dans la gouvernance de la capitale. L’enjeu dépasse largement le cadre de cette audition ponctuelle pour toucher à la crédibilité même des institutions provinciales.
Alors que les défis du développement urbain s’accumulent, cette crise gestionnaire intervient à un moment crucial pour l’avenir de Kinshasa. La manière dont Daniel Bumba et son équipe répondront à ces accusations pourrait marquer un tournant dans l’histoire administrative de la capitale congolaise. Reste à savoir si cette interpellation parlementaire débouchera sur de véritables réformes ou si elle ne constituera qu’un épisode de plus dans les jeux de pouvoir qui agitent régulièrement la scène politique kinoise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd