La gestion transparente des pertes et manques à gagner dans le secteur pétrolier RDC s’impose comme un pilier essentiel de la préservation du pouvoir d’achat des Congolais, engagement phare du Programme d’Actions du Gouvernement 2024-2028. Comment cette politique se traduit-elle concrètement dans l’économie nationale ?
Les résultats techniques du Comité de suivi de la structure des prix des produits pétroliers démontrent une avancée significative : les pertes et manques à gagner ont chuté de 288,6 millions à 31,6 millions de dollars entre 2023 et 2024, soit une réduction spectaculaire de 89%. Cette performance économique remarquable résulte d’un processus rigoureux de certification impliquant douze institutions étatiques et privées, créant ainsi un système de contrôle multipartite.
La méthodologie appliquée, basée sur le calcul du prix moyen frontière, des volumes, des marges et du taux de change, a permis d’identifier que sur 210 sociétés pétrolières contrôlées, 127 devaient restituer des bénéfices à l’État contre seulement 83 déclarant des pertes. Cette inversion de tendance historique dans la gestion des compensations pétrolières témoigne d’une nouvelle approche de la transparence économique.
L’impact direct sur le pouvoir d’achat Congo s’est matérialisé par une baisse immédiate de 13% du prix carburant Kinshasa en octobre 2024. L’essence est passée de 3 340 à 2 990,49 francs congolais, tandis que le gasoil a chuté de 3 435 à 2 979,73 francs. Cette diminution soutenue depuis près de neuf mois a stimulé la consommation de près de 50%, selon les données de SEP-Congo, qui a vu ses livraisons quotidiennes doubler pour atteindre 3 000 à 3 500 mètres cubes.
Le Fonds monétaire international a salué ces progrès, soulignant l’évolution positive dans la gestion des subventions pétrolières. Calixte Ahokpossi, chef de mission du FMI pour la RDC, a précisé que « les discussions entre les deux parties s’inscrivent dans le cadre d’une mission technique visant à minimiser le coût des pertes et manques à gagner ».
Malgré ces avancées, le processus a révélé des défis persistants. Les procès-verbaux du comité interinstitutionnel ont mis en lumière un manque de conformité parmi les entreprises, avec très peu de dossiers correctement constitués et certaines sociétés présentant des arriérés envers l’État. Cette situation a conduit les experts à recommander le maintien du système actuel de certification régulière pour garantir la stabilité du secteur.
La question fondamentale demeure : comment pérenniser ces acquis tout en accélérant la réforme structurelle du secteur pétrolier ? Les parties prenantes, incluant la Présidence de la République, la Primature et les ministères techniques, se sont engagées à maintenir ces avancées pour assurer transparence et sécurité de l’approvisionnement pétrolier sur l’ensemble du territoire national.
Le gouvernement Suminwa, par la voix du ministère de l’Économie nationale dirigé par le Vice-Premier ministre Daniel Mukoko, poursuit sa mission de réorganisation sectorielle tout en évitant l’application immédiate du « vrai prix » des produits pétroliers. Cette approche progressive vise à concilier stabilisation économique et protection sociale, dans un contexte où chaque franc congolais économisé à la pompe se transforme en capacité d’épargne ou de consommation additionnelle pour les ménages.
L’équation économique reste complexe : réduire progressivement le fardeau des compensations pétrolières tout en maintenant la stabilité des prix à la consommation. Le succès de cette politique déterminera dans quelle mesure le gouvernement pourra honorer son engagement de préservation du pouvoir d’achat, véritable pierre angulaire de son programme économique pour les années à venir.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd