Alors que la rentrée scolaire officielle a eu lieu le 1er septembre dernier, une situation alarmante persiste dans le groupement Waloa Yungu, territoire de Walikale. Pas moins de 12 établissements scolaires, dont 7 écoles primaires et 5 secondaires, maintiennent leurs portes closes, privant ainsi des centaines d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation. Cette fermeture prolongée des écoles dans la province éducationnelle Nord-Kivu 3 interroge sur l’avenir de toute une génération confrontée à l’insécurité grandissante.
Comment expliquer cette paralysie du système éducatif dans cette zone pourtant cruciale pour le développement de la région ? La réponse réside dans la dégradation sécuritaire liée aux affrontements répétés entre les rebelles de l’AFC/M23 et les groupes d’autodéfense wazalendo dans le territoire voisin de Masisi. La population, prise entre deux feux, a préféré fuir vers des zones plus sûres, abandonnant derrière elle maisons, champs et écoles. Le conflit M23 continue ainsi de faire des victimes collatérales bien au-delà des lignes de front.
Le secrétaire administratif du groupement Waloa Yungu, Bisika Bwira, dresse un constat amer. « Les écoles concernées se situent dans les localités de Bibatama et Mitwa, particulièrement exposées car limitrophes du territoire de Masisi et du groupement Luberike », explique-t-il. Les habitants de ces zones, terrorisés par les violences et l’installation de positions rebelles à leurs portes, se sont réfugiés en brousse sans jamais pouvoir regagner leurs foyers. Ce déplacement massif de la population a vidé les villages de leurs forces vives, y compris des enseignants et des élèves.
Quelles conséquences cette crise scolaire en RDC engendre-t-elle pour les enfants privés d’éducation ? Bisika Bwira ne cache pas son inquiétude : « L’avenir des enfants devient hypothétique. Comment pourront-ils rattraper des mois, voire des années de retard scolaire ? » La situation rappelle malheureusement l’année scolaire précédente, déjà gravement perturbée par la même instabilité sécuritaire. Cette continuité dans les interruptions scolaires crée un risque réel de décrochage définitif pour de nombreux élèves.
Face à cette urgence éducative, les autorités locales plaident pour une solution temporaire mais immédiate. « Nous demandons le renforcement des dispositifs sécuritaires dans notre groupement en attendant le rétablissement total de la paix », insiste Bisika Bwira. Cette mesure permettrait, selon lui, le retour progressif de la population et la réouverture des établissements scolaires. Mais dans un contexte où le conflit M23 persiste et où les déplacements de population vers Masisi continuent, cette proposition semble relever du défi.
La fermeture des écoles à Waloa Yungu dépasse le simple cadre éducatif pour devenir un symptôme de la crise plus large qui secoue le Nord-Kivu. Elle illustre comment l’insécurité peut anéantir en quelques mois des années d’efforts pour scolariser les enfants dans des zones déjà défavorisées. Alors que la communauté internationale se concentre souvent sur les aspects militaires du conflit, l’urgence humanitaire et éducative reste trop souvent dans l’ombre.
Quelles solutions durables imaginer pour mettre fin à cette crise qui prive une génération entière de son avenir ? La réponse nécessite une approche multidimensionnelle combinant sécurisation des zones, retour assisté des populations déplacées et programmes d’éducation accélérée pour les élèves ayant manqué l’école. Sans une action concertée et déterminée des autorités congolaises et de leurs partenaires, c’est tout le tissu social et économique de la région qui risque de se déliter irrémédiablement.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd