La forêt tropicale du Congo, ce poumon vert essentiel à l’équilibre climatique mondial, suffoque sous la menace d’une exploitation pétrolière sans précédent. Le gouvernement congolais vient en effet de lancer un appel d’offres historique pour 52 blocs pétroliers qui couvrent plus de la moitié du territoire national, une décision qui fait trembler les écosystèmes les plus fragiles.
Comment peut-on envisager de sacrifier ces sanctuaires de biodiversité sur l’autel du profit immédiat ? Cette question hante les défenseurs de l’environnement alors que des zones écologiquement sensibles, dont le célèbre parc national Conkouati-Douli, se retrouvent directement dans la ligne de mire des foreuses. Cette aire protégée, joyau de la forêt tropicale congolaise, abrite pourtant des espèces emblématiques comme les éléphants de forêt et les gorilles, aujourd’hui menacés par l’expansion de l’exploitation pétrolière.
La situation est d’autant plus alarmante que le bassin du Congo représente le deuxième plus grand massif forestier tropical au monde, stockant près de 30 milliards de tonnes de carbone. Une véritable éponge climatique qui risque de se transformer en bombe à carbone si les projets d’extraction se concrétisent. Les conséquences seraient désastreuses : déforestation accélérée, pollution des sols et des cours d’eau, fragmentation des habitats naturels.
Les organisations environnementales sonnent l’alarme face à ce qui s’apparente à une course folle vers le précipice écologique. Greenpeace Afrique dénonce une « violation flagrante des engagements internationaux de la République du Congo en matière de protection de l’environnement ». Le pays s’était pourtant engagé à préserver 30% de son territoire d’ici 2030, un objectif qui semble aujourd’hui bien lointain.
Le paradoxe est criant : comment justifier cette ruée vers le pétrole alors que le monde entier tente de réduire sa dépendance aux énergies fossiles ? La République du Congo, qui produit actuellement 270 000 barils par jour, ambitionne de presque doubler sa production. Une stratégie économique à court terme qui pourrait coûter cher à la planète et aux générations futures.
Les communautés locales, gardiennes ancestrales de ces forêts, voient leur mode de vie et leurs ressources directement menacés. Leurs voix peinent à se faire entendre face aux enjeux économiques colossaux. Pourtant, ces populations dépendent entièrement de ces écosystèmes pour leur subsistance, leur médecine traditionnelle et leur culture.
La biodiversité exceptionnelle de la région est en sursis. Le parc Conkouati-Douli, classé réserve de biosphère par l’UNESCO, abrite plus de 300 espèces d’oiseaux et 50 espèces de mammifères rares. Son sort symbolise le dilemme auquel sont confrontés les pays riches en ressources naturelles : développement immédiat ou préservation à long terme ?
Alors que les preuves scientifiques s’accumulent sur l’urgence climatique, cette décision interroge sur la cohérence des politiques environnementales. Les forêts du Congo ne sont pas qu’une simple ressource à exploiter, mais un bien commun de l’humanité, essentiel à notre survie collective. Laisserons-nous sacrifié ce patrimoine irremplaçable pour quelques années de profits pétroliers supplémentaires ?
L’heure n’est plus aux discours mais à l’action. Chaque hectare de forêt tropicale préservé représente une victoire dans la lutte contre le changement climatique. Il est encore temps pour la République du Congo de montrer la voie d’un développement véritablement durable, respectueux de son exceptionnel capital naturel.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: https://elpais.com/clima-y-medio-ambiente/2025-08-27/el-congo-abre-sus-bosques-primarios-a-la-explotacion-petrolera.html?utm_source=chatgpt.com