Une enquête approfondie du Centre de recherches en finances publiques et développement local (Crefdl) a mis en lumière des irrégularités financières graves au sein du Fonds spécial de répartition et d’indemnisation en faveur des victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC (Frivao). Selon le rapport, le président du Conseil d’administration et les administrateurs ont perçu des paiements mensuels indus de 4 100 et 2 300 dollars américains respectivement, entre janvier 2022 et décembre 2024. Ces versements, qui s’élèvent à des sommes considérables, ne reposent sur aucune base juridique, contrairement au Décret n°13/056 du 13 décembre 2013 régissant les mandataires publics.
Comment de tels abus ont-ils pu persister sans être détectés pendant près de trois ans ? Le Crefdl souligne que ces avantages financiers ne sont prévus ni par le décret de création du Frivao ni par les lois de finances annuelles, qui n’accordent aucune dotation à cette institution. Cette situation soulève des questions cruciales sur la gestion des fonds publics en RDC, notamment en ce qui concerne la transparence et la redevabilité des mandataires publics. Les victimes ougandaises, qui devraient être les principales bénéficiaires de ces fonds, voient leurs indemnisations compromises par ces pratiques douteuses.
En outre, le rapport révèle qu’en avril 2024, une avance de 172 800 dollars américains a été versée pour les frais d’installation des membres du Conseil, prélevée directement sur les fonds destinés aux indemnisations. Cette opération, qualifiée d’avantage indu, s’ajoute à une série d’affectations irrégulières. Par exemple, un compte de fonctionnement a été alimenté par des virements provenant du compte principal dédié aux victimes, avec des transferts s’élevant à 822 797 dollars américains en septembre 2023. Les intérêts générés par des dépôts à terme, atteignant près d’un million de dollars, ont été détournés vers ce compte pour couvrir des rémunérations non autorisées.
Le Crefdl a formulé des recommandations pressantes, appelant à une enquête judiciaire immédiate contre tous les gestionnaires impliqués et à la restitution des biens acquis indûment. Cette affaire de corruption au Frivao met en évidence les lacunes dans le contrôle des finances publiques en RDC et la nécessité de renforcer les mécanismes de surveillance. Les autorités compétentes sont désormais interpellées pour agir rapidement afin de garantir que les fonds atteignent leurs destinataires légitimes, les victimes des atrocités ougandaises.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd