Le gouvernement congolais engage une manœuvre stratégique d’envergure dans le cœur du Kasaï-Oriental. Le vice-Premier ministre, ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants, Guy Kabombo Muandiamvita, a officiellement lancé mardi 23 septembre un projet pharaonique de construction d’infrastructures militaires sur un terrain de 2 000 hectares à Mbuji-Mayi. Cette initiative, présentée comme un pilier de la modernisation de l’armée, interroge sur les véritables ambitions sécuritaires du pouvoir en place.
La cérémonie de lancement, riche en symbolique, s’est déroulée sous le regard attentif du commandant de région, le général John Tshibangu, et des élites locales. Cette démonstration d’unité masque-t-elle une volonté de réaffirmer l’autorité de l’État dans une région au passé tumultueux ? Le projet de défense nationale en RDC semble vouloir répondre à cette question par la pierre et le béton.
Selon les sources proches de la vice-Primature de la Défense nationale, ce complexe militaire intégré accueillera une caserne moderne, une poudrière, une école de formation équipée et un hôpital ultra-moderne. Guy Kabombo, le ministre de la Défense, joue ici un rôle clé dans la matérialisation de la doctrine FEC (Formation, Équipements, Casernement). Mais cette vision technocratique suffira-t-elle à transformer profondément les Forces Armées de la RDC (FARDC) ?
L’ampleur des installations prévues à Mbuji-Mayi laisse envisager une base militaire d’importance nationale. La future caserne moderne des FARDC ne sera pas un simple lieu de cantonnement, mais bien un centre névralgique destiné à rayonner sur l’ensemble du centre du pays. Cette concentration de moyens dans une ville diamantifère n’est sans doute pas anodine, alors que la sécurisation des zones minières reste un enjeu crucial.
Cette initiative s’inscrit dans un programme plus large de réhabilitation et de construction d’infrastructures militaires à travers le pays. Le ministère de la Défense nationale tente ainsi de rattraper des décennies de négligence infrastructurelle. La modernisation de l’armée congolaise passe-t-elle nécessairement par la construction de nouveaux édifices, ou s’agit-il d’un affichage politique destiné à masquer des faiblesses structurelles plus profondes ?
Le choix de Mbuji-Mayi comme site prioritaire révèle une géostratégie subtile. En implantant ce pôle militaire majeur au cœur du Kasaï-Oriental, Kinshasa envoie un signal fort à l’ensemble de la région. Cette décision pourrait-elle contribuer à rééquilibrer la carte sécuritaire nationale, traditionnellement centrée sur l’Est congolais ? La réponse se construira au fil des mois, au rythme des grues et des bulldozers.
Reste à savoir si ce vaste chantier constituera un simple investissement immobilier ou s’il s’accompagnera d’une réforme profonde des mentalités et des pratiques au sein de l’armée. La réussite de ce projet de défense nationale dépendra autant de la qualité des infrastructures que de la volonté politique d’en faire un véritable levier de transformation des FARDC. Guy Kabombo porte sur ses épaules lourde responsabilité de démontrer que cette opération n’est pas qu’un coup d’éclat médiatique.
Alors que les premiers coups de pioche sont donnés, les observateurs s’interrogent : cette ambitieuse politique de construction d’infrastructures militaires à Mbuji-Mayi marquera-t-elle un tournant dans la sécurisation du territoire congolais, ou restera-t-elle un îlot de modernité dans un océan de défis sécuritaires ? L’avenir dira si le ministre de la Défense nationale a su transformer cette enveloppe budgétaire en gain stratégique durable pour la RDC.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net