Un nouveau bain de sang a endeuillé la province du Nord-Kivu ce week-end. Le village de Chanjikiro, situé dans le groupement Kisimba en territoire de Walikale, a été le théâtre d’une attaque meurtrière contre des civils dans la nuit de vendredi à samedi. Le bilan provisoire fait état de 25 personnes froidement abattues, dont sept femmes violées avant d’être exécutées.
Selon plusieurs témoignages concordants recueillis sur place, cette tuerie survient dans un contexte militaire particulier. Les rebelles du M23, tentant une progression depuis leurs positions de Rusamambu vers Pinga, ont été interceptés à Luhola par les forces régulières congolaises (FARDC) et les combattants Wazalendo. La confrontation aurait tourné à l’avantage des défenseurs, contraignant les assaillants à battre en retraite.
C’est lors de ce repli que les éléments du M23, visiblement frustrés par leur échec militaire, se seraient « défoulés » sur les populations civiles croisées sur leur passage. Le village de Chanjikiro, essentiellement composé d’agriculteurs vivant dans des habitations dispersées dans la brousse, a payé le prix fort de cette rage destructrice.
Comment de telles exactions peuvent-elles encore se produire en pleine zone de conflit ? La question hante les observateurs de la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Les victimes, surprises dans leurs activités champêtres, n’avaient aucune chance face à des combattants lourdement armés. Les sept femmes violées puis assassinées symbolisent la brutalité extrême de ces attaques ciblant délibérément les non-combattants.
Ce massacre de Chanjikiro intervient dans une séquence tragique pour le Nord-Kivu. Quelques semaines seulement après le drame de Binza où plus de trois cents civils avaient péri, la région replonge dans l’horreur. La répétition de ces atrocités interroge sur l’efficacité des mécanismes de protection des populations civiles. Les FARDC et les Wazalendo parviennent-ils vraiment à sécuriser les zones reconquises ?
La chronologie des événements révèle une méthode inquiétante. Après chaque revers militaire, les rebelles du M23 semblent systématiquement s’en prendre aux civils, comme pour compenser leurs échecs sur le champ de bataille. Cette stratégie de terreur vise manifestement à semer la panique parmi les populations et à déstabiliser davantage la région.
Le territoire de Walikale, pourtant éloigné des principaux fronts, devient ainsi le théâtre d’opérations militaires et de représailles contre les civils. La localisation de Chanjikiro, village reculé accessible seulement par des pistes forestières, complique l’intervention des secours et l’évacuation des blessés. Les survivants errent dans la brousse, terrorisés à l’idée de nouvelles attaques.
Parallèlement, les processus de paix de Doha et Washington se poursuivent sans que les violences sur le terrain ne diminuent. Cette contradiction flagrante soulève des interrogations sur la réelle volonté des parties prenantes de mettre fin aux hostilités. La communauté internationale suit-elle avec assez d’attention l’évolution de cette crise humanitaire qui s’aggrave de jour en jour ?
Les organisations humanitaires présentes dans la région tirent la sonnette d’alarme. L’accès aux zones touchées reste limité en raison de l’insécurité, retardant l’assistance aux survivants et l’évaluation précise du bilan. Les besoins en nourriture, abris et soins médicaux augmentent exponentiellement avec chaque nouvelle attaque.
Le gouvernement congolais a condamné fermement ces violences, tout comme le Haut-Commissariat aux droits de l’homme. Mais les déclarations suffiront-elles à protéger les civils ? La population du Nord-Kivu, épuisée par des années de conflit, attend des actes concrets et une protection effective.
La situation sécuritaire dans l’Est de la RDC continue de se dégrader malgré les efforts des FARDC et des Wazalendo. Le massacre de Chanjikiro s’inscrit dans une longue liste d’atrocités qui risquent de se multiplier si aucune solution durable n’est trouvée. La protection des civils doit devenir la priorité absolue des forces de sécurité et de la communauté internationale.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net