Une onde de choc traverse le territoire de Walikale au Nord-Kivu. Neuf villages entiers se sont vidés de leurs habitants en seulement 24 heures, sur ordre direct des rebelles de l’AFC/M23. Mukii, Mirombo, Kamuli, Buhimba, Ngambi, Mbukuru, Mukohwa et Misinga ne sont plus que des coquilles vides, abandonnées dans la précipitation.
Le déplacement forcé de la population a commencé ce mardi 23 septembre 2025 dans l’après-midi. Les habitants ont reçu l’ordre formel de se rendre à Rusamambu, Kateku et Buleusa, localités situées dans le groupement Ikobo et contrôlées par les rebelles. Cette décision émanerait directement du chef de groupement nommé par l’AFC/M23 à Ikobo, qui étend également son autorité sur la partie nord du groupement Kisimba.
Comment justifient-ils ce déplacement massif ? Les rebelles accusent la population de collaborer avec les wazalendo. Selon leurs allégations, les habitants livreraient des informations sur leurs mouvements aux groupes d’autodéfense locaux. Une accusation qui sert de prétexte à une stratégie plus large de contrôle territorial.
Les autorités coutumières locales expriment une vive inquiétude face au sort réservé à leurs administrés. Contraints de quitter leurs terres agricoles, ces déplacés doivent maintenant composer avec une nouvelle réalité loin de leurs moyens de subsistance. La situation humanitaire à Rusamambu, où ont été orientés les habitants de Misinga depuis lundi, est déjà décrite comme précaire.
Ce phénomène de déplacement forcé n’est malheureusement pas isolé. Plusieurs autres villages des territoires de Walikale et Masisi ont connu le même sort récemment. Malemo, Minjenje et Mpety, à la limite entre ces deux territoires, ont été abandonnés sur appel des rebelles. Une stratégie systématique se dessine : concentrer les populations dans les zones sous leur contrôle tout en vidant les zones contestées.
Mais quelle est la véritable motivation derrière ces mouvements de population forcés ? Les rebelles évoquent des opérations de grande envergure à venir dans ces entités affectées par les conflits armés. Une explication qui cache probablement une volonté d’asseoir leur domination sur ces territoires riches en ressources.
La crise humanitaire au Nord-Kivu s’aggrave ainsi de jour en jour. Ces déplacements massifs ajoutent une pression supplémentaire sur des communautés déjà éprouvées par des années de conflit. Les conditions de vie dans les zones de regroupement imposées par l’AFC/M23 soulèvent de sérieuses questions sur le respect des droits fondamentaux des populations civiles.
Le territoire de Walikale, théâtre de nombreux conflits armés en RDC, voit ainsi sa stabilité compromise davantage. Cette nouvelle vague de déplacements forcés illustre la complexité de la situation sécuritaire dans l’est de la République Démocratique du Congo. Une situation qui nécessite une attention urgente de la communauté internationale et des acteurs humanitaires.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd