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Maniema : l’enclavement paralyse l’agriculture malgré un potentiel immense

La province du Maniema, pourtant dotée d’un potentiel agricole considérable, se heurte à un défi structurel majeur : l’enclavement de ses territoires ruraux. Les agriculteurs du Nord de la province, réunis samedi dernier, ont tiré la sonnette d’alarme face aux autorités provinciales et au Programme d’appui au développement rural inclusif et résilient (PADRIR).

Comment expliquer que des régions fertiles peinent à transformer leur production en richesses durables ? La réponse réside dans l’état catastrophique des infrastructures de transport. Les routes de desserte agricole, véritables artères économiques de ces territoires, sont dans un état de délabrement avancé, créant un isolement qui hypothèque l’avenir de milliers de familles paysannes.

« Nous cultivons et nous produisons beaucoup. Mais, comme nous sommes enclavés, notre production ne sert à rien », déplore Ilda Neubebende Numbi, représentante de l’association Umoja ya Wa Mama wa Punia. Ce témoignage poignant illustre le paradoxe congolais : une abondance potentielle contrariée par des défaillances logistiques criantes.

Le lancement du cadre de concertation des acteurs de la chaîne de valeur Riz, Maïs et Manioc constitue une lueur d’espoir dans ce paysage contrasté. Cette initiative du PADRIR vise à créer une synergie entre producteurs, transformateurs et distributeurs, jusqu’alors évoluant en silos. Mathieu Kamulete, coordonnateur provincial intérimaire du programme, souligne : « Nous avons constaté que les acteurs d’une même filière ne se connaissent pas, ne collaborent pas. Cette fragmentation explique en partie la faible performance du secteur ».

La stratégie du PADRIR s’appuie sur un principe simple mais révolutionnaire pour l’agriculture du Maniema : « Le marché qui augmente la production ». Cette approche vise à créer un cercle vertueux où l’amélioration de l’accès aux marchés stimulerait la production, la qualité et in fine les revenus des acteurs de la chaîne de valeur agricole.

Au-delà des routes, les agriculteurs réclament également le respect du calendrier agricole par les partenaires techniques. Les retards dans la distribution des semences compromettent les récoltes, annihilant les efforts consentis tout au long de la saison. Cette prévisibilité est essentielle pour une agriculture moderne et compétitive.

L’enjeu dépasse la simple question logistique. Il s’agit de redéfinir la place de l’agriculture familiale dans l’économie provinciale. Le Maniema pourrait devenir un grenier pour toute la région si ces goulots d’étranglement étaient levés. La valorisation des filières riz, maïs et manioc représente un potentiel de croissance inclusive considérable.

Le programme PADRIR mise sur l’intelligence collective pour trouver des solutions adaptées au contexte local. La mise en réseau des acteurs permettrait de mutualiser les moyens de transport, de standardiser les productions et de négocier collectivement les prix. Cette professionnalisation de la chaîne de valeur agricole est une condition sine qua non pour sortir de la subsistance.

Quelles perspectives concrètes pour les agriculteurs du Nord Maniema ? La réhabilitation des routes de desserte agricole reste la priorité absolue. Sans désenclavement, toutes les autres interventions risquent de rester lettre morte. Les autorités provinciales devront faire de cette question une priorité budgétaire.

À plus long terme, c’est tout un écosystème qu’il faut reconstruire : centres de collecte, unités de transformation locale, systèmes d’information de marché. Le défi est immense, mais les enjeux le justifient amplement. La réussite de ce programme pourrait servir de modèle pour d’autres régions enclavées de la RDC.

La résilience des agriculteurs congolais face à l’adversité logistique force l’admiration. Mais cette résilience a ses limites. Il est temps de transformer l’essai en dotant enfin le monde rural des infrastructures dont il a besoin pour prospérer. L’agriculture du Maniema mérite mieux que de survivre – elle doit pouvoir contribuer pleinement au développement économique de la province.

Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net

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Amissi G
Amissi G
Né à Lubumbashi, Yvan Ilunga est un passionné de la richesse culturelle du Congo. Expert en éducation et en musique, il vous plonge au cœur des événements culturels tout en mettant en lumière les initiatives éducatives à travers le pays. Il explore aussi la scène musicale avec une analyse fine des tendances artistiques congolaises, faisant d’Yvan une véritable référence en matière de culture.
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