Une scène de violence urbaine a éclaté ce jeudi 17 septembre dans le quartier Tamende à Beni, au Nord-Kivu. Dix jeunes employés d’une société de gardiennage, originaires de Mahagi en Ituri, ont frôlé la mort après être injustement accusés de complicité avec les rebelles de la coalition AFC/M23. Cet incident sécuritaire grave rappelle la persistance des tensions communautaires et la méfiance exacerbée dans cette région en proie à l’insécurité.
Comment une simple méprise identitaire peut-elle virer au drame collectif ? Les jeunes stagiaires, présents pour une formation professionnelle, sont devenus malgré eux les cibles d’une foule en colère. N’étant pas reconnus par les habitants, ils ont été assimilés à des infiltrés ennemies. La situation a dégénéré rapidement lorsque des individus ont attaqué leur lieu d’hébergement, allant jusqu’à incendier la maison qui les abritait.
L’intervention rapide des forces de l’ordre a permis d’éviter le pire. Les policiers et militaires ont sécurisé les lieux et mis en sécurité les jeunes travailleurs, sauvant ainsi dix vies menacées par une justice populaire expéditive. Cette action prompte des services de sécurité témoigne de leur vigilance face aux dérives possibles dans un contexte sécuritaire aussi volatile.
Plusieurs habitants ont condamné fermement cet acte de violence collective. Fabrice Muluwahali, témoin de la scène, a dénoncé avec fermeté cet incident regrettable : « C’est regrettable dans un État multiculturel où chacun peut se trouver où il veut, sous réserve de respecter la légalité. Si ces jeunes étaient jugés suspects, il fallait recourir aux services de sécurité pour qu’ils interviennent. »
Les autorités provinciales sont rapidement intervenues pour calmer les esprits. Le lieutenant Marc Elongo, porte-parole du gouverneur, a lancé un appel au calme tout en rappelant que la justice populaire est sévèrement punie par la loi. « Le gouverneur met en garde les instigateurs et appelle à la paix. Il apprécie la vigilance de la jeunesse, mais l’encourage à ne pas céder aux manipulations de l’ennemi » a-t-il souligné.
Cet incident pose plusieurs questions cruciales sur la cohésion sociale dans la région. Jusqu’où peut aller la méfiance communautaire dans des zones affectées par des conflits armés ? Comment garantir la sécurité des personnes tout en maintenant une nécessaire vigilance collective ? La réponse des autorités semble privilégier l’action légale contre toute forme de justice populaire.
Vers la fin de la matinée, le calme est progressivement revenu dans le quartier Tamende grâce à la présence renforcée des forces de l’ordre. Les jeunes gardes, toujours sous protection, ont été transférés vers un lieu plus sécurisé tandis que les enquêtes se poursuivent pour identifier les responsables de cette attaque.
Cet événement tragique souligne l’impérieuse nécessité de renforcer la confiance entre populations et forces de sécurité. Il met également en lumière les défis persistants de la cohabitation interprovinciale dans une région marquée par des conflits récurrents. La lutte contre les suspicions infondées et la justice populaire reste un impératif pour la stabilisation du Nord-Kivu.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
