La production de café arabica dans l’est de la République Démocratique du Congo, qui connaissait une renaissance prometteuse après des décennies de déclin, subit de plein fouet les conséquences dévastatrices de la recrudescence des conflits armés. Les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda selon plusieurs rapports internationaux, menacent directement la survie de cette filière agricole stratégique pour l’économie des provinces du Kivu.
Comment cette crise sécuritaire impacte-t-elle concrètement la caféiculture congolaise ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les estimations des coopératives locales, près de 40% des plantations ont été abandonnées par les producteurs contraints de fuir les violences. Les routes commerciales, véritables artères vitales pour l’exportation du café Congo vers les marchés internationaux, sont soit coupées soit devenues trop dangereuses pour le transport des marchandises.
La timing de cette escalade conflictuelle ne pouvait être plus mal choisi. La période février-mars correspond traditionnellement au pic des récoltes du café arabica RDC, réputé pour sa qualité exceptionnelle sur le marché mondial. Les caféiculteurs, privés d’accès à leurs plantations, voient littéralement pourrir sur pied des récoltes qui représentaient souvent leur seul revenu annuel. Une hémorragie économique aux conséquences dramatiques pour des milliers de familles rurales.
L’Office National des Produits Agricoles du Congo (ONAPAC), structure clé de la filière, fonctionne au ralenti dans plusieurs zones de production. Ses centres de traitement, ses unités de contrôle qualité et ses circuits logistiques sont paralysés par l’insécurité. Cette situation compromet gravement les efforts de certification et de valorisation qui avaient permis au café des Kivu de regagner sa place sur le marché des spécialités.
Les conséquences économiques de cette crise caféiculture est RDC dépassent largement le cadre agricole. Le manque à gagner en devises étrangères affecte la balance commerciale nationale, tandis que la précarisation des producteurs accroît la dépendance aux aides humanitaires. Une triste ironie quand on sait que la caféiculture représentait précisément une alternative viable à l’économie de subsistance.
Certains acteurs tentent de maintenir des activités résiduelles, organisant des circuits de contournement périlleux pour évacuer les stocks existants. Mais ces initiatives ponctuelles ne suffisent pas à enrayer l’effondrement d’une filière qui employait directement ou indirectement près de 500 000 personnes dans l’est du pays.
La communauté internationale, consciente des enjeux, multiplie les alertes sur l’urgence de trouver une solution politique à ce conflit qui mine le développement économique de toute une région. Sans retour rapide à la stabilité, c’est tout un écosystème productif qui risque de disparaître, anéantissant des années d’investissements et d’efforts pour reconstruire cette filière d’excellence.
La question qui se pose aujourd’hui est cruciale : la production café Kivu pourra-t-elle survivre à cette nouvelle épreuve ? La réponse dépendra largement de la capacité des autorités à rétablir la sécurité dans les zones de production et à relancer les mécanismes de soutien à la caféiculture familiale, véritable colonne vertébrale de ce secteur.
Article Ecrit par Amissi G
Source: https://www.reuters.com/world/africa/congo-coffee-farmers-fear-war-will-undo-recent-gains-2025-09-15/?utm_source=chatgpt.com
