Une alerte internationale a été lancée ce lundi concernant la détérioration sécuritaire dans la province du Sud-Kivu. Human Rights Watch (HRW) publie un rapport accablant documentant les violations des droits humains perpétrées contre les civils par une coalition regroupant l’armée congolaise et des milices locales appelées wazalendo. Les populations Banyamulenge et Tutsies congolaises sont particulièrement ciblées, accusées à tort de collusion avec le groupe rebelle M23.
Comment une telle escalade de violence a-t-elle pu se produire sous le regard des autorités ? Le rapport de HRW décrit une situation où les wazalendo, pourtant alliés aux forces gouvernementales, se livrent à des exactions systématiques : harcèlement, menaces de mort, enlèvements et restrictions d’accès aux services essentiels. Ces milices opèrent dans un climat d’impunité totale, exploitant les tensions ethniques qui ravagent la région depuis des décennies.
La nomination controversée du général Olivier Gasita comme commandant adjoint de la 33e région militaire a exacerbé les tensions. Des enregistrements audio et vidéo examinés par HRW révèlent comment certains discours officiels ont alimenté la méfiance envers les Banyamulenge, créant un terrain propice aux abus. Une délégation gouvernementale menée par le Vice-premier ministre Jacquemain Shabani a été dépêchée à Uvira pour calmer les esprits, mais les rencontres avec les différentes parties semblent avoir eu un impact limité.
Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur l’Afrique à HRW, alerte sur la gravité de la situation : « Les atrocités persistantes commises par toutes les parties au conflit soulignent la nécessité urgente de protéger les civils et de garantir un passage sûr à ceux qui fuient les combats ». Le conflit ethnique dans l’Est Congo prend une tournure de plus en plus dangereuse, avec des manipulations politiques qui attisent les haines communautaires.
Le rapport met en lumière une combinaison toxique de défaillances de gouvernance, d’impunité et d’exploitation des divisions ethniques. Les wazalendo, présentés comme des patriotes, se transforment en instruments de persécution contre des communautés entières. La communauté internationale reste silencieuse face à ces abus, alors que des vies humaines sont sacrifiées sur l’autel des calculs politiques et des rivalités ethniques.
La situation à Uvira et dans le Sud-Kivu nécessite une intervention immédiate. Sans pression internationale forte et sans une réelle volonté politique de Kinshasa, les violations des droits humains risquent de s’aggraver, plongeant davantage la région dans le chaos et la souffrance.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd