Dans un contexte où les drames humains se multiplient au Sud-Kivu, les journalistes congolais se retrouvent en première ligne face à des traumatismes professionnels souvent invisibles. Combien de ces veilleurs d’information réalisent-ils qu’eux aussi peuvent devenir des victimes silencieuses ?
Un café presse suicide Bukavu organisé par l’organisation Stop Suicide RDC a tiré la sonnette d’alarme sur un phénomène préoccupant : les professionnels des médias, constamment exposés à l’horreur, développent des vulnérabilités psychologiques méconnues.
« Les journalistes vivent eux-mêmes les atrocités qu’ils couvrent », explique Lumière Singay, organisatrice de l’événement. « Ils sont présents sur les lieux d’incendies, de justices populaires, de conflits armés. La communauté les perçoit comme des super-héros, oubliant qu’ils restent des êtres humains avec leurs propres fragilités ».
Le constat est sans appel : l’exposition répétée à des scènes traumatisantes provoque chez ces sentinelles de l’information un cumul de chocs psychologiques. Sans mécanismes de protection adaptés, ils risquent l’épuisement professionnel, la dépression et, dans les cas extrêmes, des passages à l’acte suicidaires.
« La première solution pour le journaliste est de se confier à un professionnel : psychologue, psychiatre ou expert en santé mentale », insiste Mme Singay. « Exposer son problème à quelqu’un constitue déjà un premier pas vers la guérison. Il faut ensuite suivre des thérapies adaptées ».
Cette démarche de prévention suicide journalistes RDC s’avère d’autant plus cruciale que la région du Sud-Kivu connaît une recrudescence d’événements tragiques. Inondations, incendies, violences communautaires : chaque catastrophe représente une nouvelle épreuve pour ces témoins obligés de la détresse humaine.
Comment alors briser ce silence qui entoure la santé mentale journalistes Sud-Kivu ? Les spécialistes recommandent plusieurs approches complémentaires : formation aux premiers secours psychologiques, création de cellules d’écoute dans les rédactions, et déstigmatisation de la consultation chez les mentalistes.
« Vous devez comprendre que vous êtes humain », martèle l’experte. « Le stress et l’anxiété ne sont pas des faiblesses honteuses mais des réactions normales face à des situations anormales. La reconnaissance de cette vulnérabilité constitue le premier rempart contre le traumatisme professionnel journalistes ».
Au-delà de la protection individuelle, cette initiative vise à créer un effet boule de neige. Des journalistes mieux armés psychologiquement pourront en effet mieux sensibiliser le public aux mécanismes de prévention du suicide, créant ainsi un cercle vertueux de protection collective.
Reste maintenant à transformer cette prise de conscience en actions concrètes. Combien de médias congolais intègrent-ils véritablement la dimension psychologique dans leur gestion des ressources humaines ? La question mérite d’être posée alors que les défis sécuritaires et humanitaires persistent dans l’Est de la RDC.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd