La rentrée scolaire 2025-2026 dans le territoire de Walikale, province éducationnelle Nord-Kivu 3, ressemble à un décor vide. Les salles de classe restent silencieuses, les cours désertés par les élèves, tandis que les enseignants maintiennent fermement leur mouvement de grève déclenché il y a déjà deux semaines. Une situation qui plonge le système éducatif local dans une impasse préoccupante.
Comment expliquer cette persistance du conflit social dans le secteur éducationnel ? Les professionnels de la craie, réunis en assemblée générale ce samedi 13 septembre, ont réaffirmé leur détermination à ne reprendre le chemin de l’école qu’après le paiement intégral de leurs arriérés de salaire. Une revendication qui semble tomber dans l’oreille d’un sourd, malgré la reconnaissance officielle de la situation par les autorités compétentes.
Espoir Muluba, porte-parole du Syndicat des Enseignants du Congo (SYECO) à Walikale, ne mâche pas ses mots : « Les enseignants grévistes restent à la maison jusqu’à ce que le gouvernement assume sa part de responsabilité en payant ses employés. » Une position inflexible qui traduit l’exaspération grandissante d’un corps enseignant souvent oublié dans les priorités gouvernementales.
Du côté de l’administration, Kabwangana Kaba Nestor, Directeur de la DINACOPE dans la province éducationnelle Nord-Kivu 3, reconnaît la gravité de la situation mais semble impuissant face à cette crise. « J’attends m’entretenir avec les grévistes avant de me prononcer », déclare-t-il, dans une attente qui pourrait s’éterniser au détriment de l’avenir scolaire de milliers d’enfants.
Les parents d’élèves, pris en étau entre les revendications légitimes des enseignants et l’éducation de leurs enfants, expriment leur profonde inquiétude. Akilimali Fazili, président de l’Association Nationale des Parents d’Élèves du Congo (ANAPECO) dans la province, lance un appel pathétique : « Privilégiez l’intérêt supérieur des enfants. Les enseignants peuvent continuer à revendiquer leur droit tout en étant à l’école car les jours de l’année scolaire sont comptés. »
Cette crise des arriérés de salaire des enseignants à Walikale n’est malheureusement pas un cas isolé en République Démocratique du Congo. Elle s’inscrit dans une problématique plus large de valorisation de la profession enseignante et de financement durable du secteur éducatif. Jusqu’où cette impasse peut-elle durer sans compromettre définitivement l’année scolaire de toute une génération d’élèves ?
La solution réside-t-elle dans un dialogue social franc et constructif entre toutes les parties prenantes ? Le gouvernement congolais parviendra-t-il à débloquer les fonds nécessaires pour apaiser les tensions et permettre la reprise effective des cours ? Autant de questions qui restent en suspens pendant que le temps scolaire, irrémédiablement, continue de s’écouler.
Cette grève des enseignants de Walikale soulève des interrogations fondamentales sur la place de l’éducation dans les priorités nationales. Alors que la RDC aspire à former les cadres de demain, le traitement réservé à ceux qui ont la lourde responsabilité d’instruire les jeunes générations envoie un signal pour le moins contradictoire.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd