La situation humanitaire en Ituri préoccupe au plus haut niveau les acteurs internationaux. Bruno Lemarquis, coordonnateur de l’action humanitaire en RDC, tire la sonnette d’alarme après sa mission de trois jours dans cette province en proie aux tensions persistantes. Ses recommandations interviennent dans un contexte particulièrement critique marqué par une réduction drastique des financements.
Le représentant onusien a insisté sur la nécessité absolue de résoudre les tensions avant qu’elles ne dégénèrent en crise sécuritaire majeure. Comment éviter que l’Ituri ne sombre à nouveau dans la violence généralisée? La réponse réside dans l’anticipation et la prévention des conflits naissants.
«Il y a beaucoup de conflits ici qui démarrent sur de petites choses: des conflits fonciers, coutumiers… Et tout à coup, cela s’embrase», a expliqué Bruno Lemarquis lors de son point presse du vendredi 12 septembre. Le haut fonctionnaire a illustré son propos par l’exemple du Maï-Ndombe, où un conflit foncier non maîtrisé s’est transformé en crise de grande ampleur.
La situation se complique davantage avec la réduction de 70% de la contribution américaine à l’aide humanitaire en RDC. Les financements actuels apparaissent dramatiquement insuffisants pour répondre aux besoins de millions de personnes vulnérables. Cette baisse significative intervient à un moment où les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi importants.
La sécurité en Ituri reste fragile malgré les efforts de stabilisation. Bruno Lemarquis a salué les initiatives de dialogue entre communautés et groupes armés, menées avec l’appui de la MONUSCO. Ces mécanismes de médiation contribuent à la cohésion sociale et préparent le terrain pour une réconciliation durable.
Le coordonnateur a également alerté sur les catastrophes naturelles récurrentes. Les inondations qui affectent régulièrement la RDC aggravent la vulnérabilité des populations déjà éprouvées par les conflits. «Il faut des mesures pour s’y préparer. On ne bâtit pas une maison là où il y aura des inondations», a-t-il martelé.
L’action humanitaire en RDC se trouve à un tournant décisif. La combinaison des défis sécuritaires, du sous-financement chronique et des risques climatiques crée une tempête parfaite qui menace des millions de vies. La communauté internationale parviendra-t-elle à inverser la tendance avant qu’il ne soit trop tard?
Les recommandations de Bruno Lemarquis soulignent l’impérieuse nécessité d’une approche proactive. Anticiper plutôt que réagir, prévenir plutôt que guérir: telle doit être la nouvelle philosophie d’intervention en Ituri et dans l’ensemble de la RDC. La stabilisation de la région dépendra largement de la capacité à mettre en œuvre cette vision préventive.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
