Les négociations de paix de Doha entre la RDC et la coalition AFC-M23, soutenue par le Rwanda, suscitent l’indignation croissante de la société civile du Sud-Kivu. Dans un communiqué rendu public ce mardi 9 septembre 2025, le Bureau de Coordination de la Société Civile dénonce la lenteur excessive des pourparlers, qualifiant deux semaines de discussions sans avancée concrète de « constat accablant » pour les populations de l’Est de la RDC.
Comment expliquer cette stagnation des négociations de paix à Doha alors que les civils continuent de payer le prix fort du conflit ? La société civile pointe du doigt l’absence de résultats tangibles et remet en question l’efficacité même du processus diplomatique piloté par le Qatar. Cette médiation, présentée comme cruciale pour la résolution du conflit Est RDC, semble s’enliser dans des discussions techniques sans impact sur le terrain.
Le document publié lundi 8 septembre souligne avec amertume le manque de confiance des acteurs locaux dans ce processus. « La société civile du Sud-Kivu n’a pas confiance en ce que la médiation menée par le Qatar peut apporter », peut-on lire dans cette correspondance qui circule activement dans les milieux politiques et diplomatiques. Cette défiance s’explique par l’exclusion persistante des représentants des communautés directement affectées par le conflit.
La critique s’étend également aux autres initiatives diplomatiques – Washington, Luanda, Nairobi – qui semblent toutes connaître le même sort : l’enlisement. Cette multiplication des processus parallèles sans coordination apparente interroge sur la réelle volonté politique de parvenir à une solution durable. Les négociations paix Doha s’inscrivent-elles dans une stratégie cohérente ou constituent-elles simplement un écran de fumée diplomatique ?
La société civile revendique avec force sa participation aux différentes initiatives de paix en cours, considérant que son exclusion compromet la légitimité des futurs accords. « Tant qu’elle sera exclue, la voix du peuple ne sera pas prise en compte », affirme le communiqué, rappelant que le Parlement congolais, institution représentative par excellence, est lui aussi marginalisé dans ces discussions cruciales.
Plus grave encore, l’organisation alerte sur les risques de balkanisation et dénonce un Est de la RDC « sacrifié face aux visées expansionnistes du Rwanda ». Cette analyse sévère soulève une question fondamentale : les négociations de Doha servent-elles réellement les intérêts de la RDC ou participent-elles à une forme de normalisation de l’ingérence régionale ?
Face à cette situation, la société civile exige une plus grande transparence dans le processus diplomatique RDC et appelle le gouvernement à informer régulièrement la population sur l’état des discussions. Elle en appelle également au Conseil de sécurité des Nations unies pour qu’il priorise la situation sécuritaire en RDC et fasse respecter la résolution 2773.
Alors que le processus de paix semble au point mort, la condamnation des violences et la souffrance des populations devraient constituer une urgence absolue pour toutes les parties prenantes. La médiation Qatar RDC parviendra-t-elle à sortir de cette impasse ou assisterons-nous à l’échec d’un énième processus de paix ? La réponse à cette question déterminera l’avenir de millions de Congolais qui attendent depuis plus de trente ans une paix durable et inclusive.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net