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RDC: l’Alliance Rivière Congo accuse Kinshasa de torpiller les accords de paix

Dans le théâtre complexe des conflits de l’Est de la République démocratique du Congo, l’Alliance de la Rivière Congo (ARC) jette un pavé dans la mare diplomatique en accusant le gouvernement de Kinshasa de torpiller délibérément les accords de paix. Cette dénonciation publique, intervenue début septembre 2025, révèle une fracture béante entre insurgés et autorités congolaises, mettant en péril les fragiles avancées vers la stabilité dans les Kivus.

L’ARC, coalition hétéroclite où le M23 joue un rôle prépondérant, pointe du doigt ce qu’elle qualifie de « double jeu » de Kinshasa. Selon les rebelles, les Forces armées de la RDC (FARDC) coordonneraient des opérations militaires avec des groupes armés notoires, dont les FDLR, contre la communauté Banyamulenge. Ces actions, présentées comme antinomiques avec l’esprit des accords signés, alimenteraient un cycle de violences qui mine toute perspective de paix durable.

La rhétorique employée par l’Alliance mérite décryptage : en se posant en défenseur des populations civiles, le M23 tente habilement de retourner le narratif sécuritaire à son avantage. Cette stratégie communicationnelle sophistiquée contraste avec sa nature de mouvement insurgé, démontrant une maturité politique certaine. Le groupe maîtrise désormais l’art de jouer sur plusieurs tableaux – militaire, médiatique et diplomatique – dans ce conflit multidimensionnel.

Derrière ces accusations se profile l’épineuse question du contrôle territorial. L’ARC et le M23 administrent effectivement des portions significatives du Nord et Sud-Kivu, y compris des zones minières stratégiques. Cette emprise sur les ressources naturelles constitue un enjeu économique crucial, alimentant autant le financement de la rébellion que les convoitises diverses. La communauté internationale peut-elle véritablement ignorer cette réalité géopolitique dans ses efforts de médiation ?

Le silence dénoncé par les rebelles interroge sur l’efficacité des mécanismes internationaux de résolution des conflits. Les Nations unies, à travers la MONUSCO, et la SADC peinent visiblement à imposer une médiation équilibrée. Cette impuissance relative nourrit la défiance entre les parties et risque de compromettre irrémédiablement le processus de paix. Faut-il y voir un échec programmé de la diplomatie multilatérale dans la région des Grands Lacs ?

La crise humanitaire qui en découle atteint des proportions alarmantes. Les déplacements massifs de populations, la destruction d’infrastructures essentielles et les pertes civiles créent une situation intenable pour des millions de Congolais. Cette dimension humaine du conflit semble pourtant reléguée au second plan dans les calculs géostratégiques des différents acteurs. Jusqu’à quand les populations civiles paieront-elles le prix fort de ces jeux de pouvoir ?

L’accusation de sabotage des accords de paix révèle également les limites de l’approche sécuritaire privilégiée par Kinshasa. La militarisation à outrance de la réponse gouvernementale montre ses faiblesses face à un conflit qui trouve ses racines dans des problématiques autrement plus complexes : gouvernance locale, partage des ressources, reconnaissance des identités ethniques et justice transitionnelle. Sans réponse structurelle à ces questions fondamentales, tout accord de paix risque de n’être qu’un simple répit entre deux cycles de violence.

La balle est désormais dans le camp de la communauté internationale. Celle-ci saura-t-elle imposer un cadre de dialogue contraignant capable de dépasser les accusations mutuelles ? La crédibilité des médiateurs régionaux et internationaux se joue dans leur capacité à garantir l’application effective des engagements pris. Le temps n’est plus aux déclarations d’intention mais à l’action concertée et déterminée.

Ce nouvel épisode de la crise congolaise souligne l’urgence d’une approche holistique qui dépasse le seul prisme militaire. La solution passera nécessairement par une refondation du contrat social entre l’État congolais et toutes ses composantes, particulièrement celles de l’Est. Sans cette ambition transformatrice, les accords de paix resteront lettres mortes et le cycle infernal de la violence continuera de se perpétuer, au détriment des populations civiles et de la stabilité régionale.

Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: https://www.reuters.com/world/africa/congo-rebels-accuse-government-undermining-peace-efforts-2025-09-01/?utm_source=chatgpt.com

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Chloé Kasong
Chloé Kasong
Issue de Kinshasa, Chloé Kasong est une analyste rigoureuse des enjeux politiques et sociaux de la RDC. Spécialisée dans la couverture des élections, elle décortique pour vous l’actualité politique avec impartialité, tout en explorant les mouvements sociaux qui façonnent la société congolaise. Sa précision et son engagement font d'elle une voix incontournable sur les grandes questions sociétales.
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