Dans la chefferie de Ninja, au territoire de Kabare, des centaines d’enfants aux regards perdus tentent désespérément de poursuivre leur scolarité. Leurs mains vides et leurs uniformes absents racontent une histoire trop familière dans cette région du Sud-Kivu : celle d’une enfance volée par les conflits armés. Comment peut-on apprendre à lire et à écrire lorsque l’on a faim et que l’on a tout perdu ?
Bienfait Bahizire, responsable de l’organisation Jeunesse active pour le développement (JAD), observe quotidiennement cette détresse silencieuse. « Ces enfants viennent des zones conflictuelles de Kaniola et Kabare. Beaucoup n’ont même pas de cahiers, de stylos ou de sacs pour transporter le peu qu’ils possèdent. D’autres n’ont pas d’uniformes, ce qui les marginalise davantage », confie-t-il, la voix empreinte d’émotion.
La reprise des activités scolaires pour l’année 2025-2026 devrait être un motif de joie. Pourtant, dans les sites de déplacés, elle ressemble à un nouveau calvaire. Ces enfants déplacés RDC n’ont pas pu clôturer correctement l’année précédente et peinent aujourd’hui à reprendre le chemin de l’école. Leurs difficultés s’accumulent : insécurité alimentaire, manque de fournitures scolaires, absence de vêtements décents. Leurs familles ont tout abandonné dans leur fuite éperdue.
La crise éducative Kabare prend ici des proportions dramatiques. Comment envisager l’avenir lorsque le présent est si précaire ? Les salles de classe improvisées accueillent des élèves dont l’estomac crie famine et dont l’esprit est hanté par les souvenirs de la violence. Les enseignants, souvent bénévoles, font ce qu’ils peuvent avec des moyens dérisoires.
L’organisation JAD RDC tire la sonnette d’alarme : sans intervention urgente, toute une génération risque d’être sacrifiée. Les besoins sont criants : fournitures scolaires Sud-Kivu de première nécessité, programmes d’alimentation scolaire, soutien psychosocial. Les conflits territoire Kabare continuent de produire leurs lots de victimes collatérales, et les enfants paient le prix le plus lourd.
Face à cette situation, un silence assourdissant entoure l’appel à l’aide lancé aux autorités et aux partenaires humanitaires. Jusqu’à quand ces enfants devront-ils attendre avant de retrouver une dignité élémentaire ? Le droit à l’éducation, pourtant fondamental, ressemble à un luxe inaccessible dans ces conditions de vie précaires.
La solidarité nationale et internationale représente aujourd’hui le dernier rempart contre l’effondrement complet du système éducatif pour ces enfants déplacés. Sans fournitures scolaires, sans nourriture suffisante, sans protection adéquate, comment peuvent-ils construire leur avenir ? La réponse à cette question engage toute la société congolaise et au-delà.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net