La tension sociale à Uvira connaît un apaisement timide ce vendredi 5 septembre. La Nouvelle société civile congolaise annonce la suspension partielle de la grève qui paralysait la ville depuis trois jours. Une décision prise « dans l’intérêt des populations asphyxiées par la fermeture des marchés », explique Mafikiri Mashimango, coordonnateur provincial de la structure.
Mais derrière cette annonce officielle, la réalité sur le terrain reste contrastée. Les habitants, bien que soulagés par la perspective de retrouver un accès aux produits de première nécessité, hésitent encore à reprendre leurs activités. « Nous avons peur des représailles, des pillages. Beaucoup de commerçants préfèrent attendre de voir comment la situation va réellement évoluer », confie un habitant sous couvert d’anonymat.
Comment en est-on arrivé là ? Tout a commencé avec la nomination contestée du général Olivier Gasita comme commandant des opérations et du renseignement au Sud-Kivu. Les combattants Wazalendo et les mouvements citoyens ont immédiatement crié au scandale, déclenchant un mouvement de protestation sans précédent. Barricades, manifestations et fermeture des commerces ont plongé Uvira dans un climat de peur et d’incertitude.
Le port de Kalundu, poumon économique de la région et point stratégique du trafic lacustre entre Uvira, Kalemie et les pays voisins, est toujours sous contrôle exclusif des Wazalendo. Cette situation bloque les échanges commerciaux et isole un peu plus une région déjà fragilisée par des années de conflits.
La veille, le maire d’Uvira avait condamné les manifestations tout en assurant comprendre la colère des protestataires. Un discours en demi-teinte qui reflète la complexité de la crise. Trois civils, dont deux conducteurs de moto-tricycles, ont perdu la vie jeudi après avoir été blessés lors des affrontements. Leur mort rappelle tragiquement le prix humain de ces tensions politiques.
Une réunion est prévue ce vendredi entre les Wazalendo, les forces vives locales et les autorités. L’enjeu est de taille : trouver une issue pacifique à cette crise tout en répondant aux préoccupations légitimes de la population. La suspension de la grève est-elle une trêve ou une véritable ouverture vers le dialogue ?
La situation à Uvira interroge plus largement sur la gouvernance et la gestion des conflits dans l’Est de la RDC. Les nominations contestées, les frustrations accumulées et le manque de dialogue social créent un terreau fertile pour l’instabilité. Les populations, prises en étau entre les revendications des groupes armés et les carences de l’État, paient le prix fort de ces tensions.
La suspension de la grève au Sud-Kivu marque peut-être un premier pas vers l’apaisement. Mais le chemin reste long pour restaurer la confiance et garantir une paix durable dans une région meurtrie par des décennies de violence.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net