Les rebelles de l’AFC/M23 intensifient leur emprise administrative dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Une stratégie de consolidation territoriale qui prend une nouvelle dimension avec le déploiement massif de forces policières dans les zones contrôlées.
Depuis une semaine, plusieurs centaines de policiers rebelles ont pris position dans les villes de Goma et Bukavu. Ce déploiement s’inscrit dans une logique de remplacement progressif des militaires par des forces de l’ordre civiles, marquant une nouvelle phase dans l’administration des territoires sous contrôle rebelle.
La composition de ces unités policières révèle une approche méthodique. Des nouvelles recrues, récemment formées dans des centres d’entraînement, opèrent aux côtés d’anciens éléments de la Police nationale congolaise recyclés par la rébellion. Cette mixité expérimentale vise-t-elle à garantir une légitimité opérationnelle ?
À Bukavu, les autorités de facto ont reproduit le schéma initié à Goma. Mardi dernier, une opération similaire a placé la ville sous surveillance policière rebelle, modifiant durablement le paysage sécuritaire local.
Parallèlement, les responsables rebelles ont imposé un nouvel horaire de fermeture de la frontière entre le Rwanda et la RDC. Cette mesure s’ajoute à une série de décisions unilatérales qui renforcent le contrôle sur les flux transfrontaliers.
La population locale observe ces développements avec un mélange d’espoir et d’inquiétude. Pour Amos Bisimwa, habitant de Bukavu, l’essentiel réside dans l’amélioration tangible de la sécurité quotidienne. “Peu importe les mesures prises, ce qui compte c’est de constater une réelle amélioration sur le terrain”, confie-t-il.
Cette perspective pragmatique contraste avec l’analyse des défenseurs des droits humains. Espoir Aspirine, activiste renommé, qualifie ces initiatives de “violation flagrante” des accords de Doha et Washington. “Le gouvernement congolais doit tout mettre en œuvre pour libérer la population de cette emprise illégitime”, affirme-t-il.
Le déploiement policier de l’AFC/M23 intervient dans un contexte d’insécurité persistante à Bukavu et ses environs. Des incursions répétées de bandits armés continuent d’être signalées, soulignant les limites de la stratégie sécuritaire rebelle.
La situation dans l’Est de la RDC reste donc particulièrement volatile. Entre administration factuelle et insécurité latente, les populations civiles naviguent dans un environnement de plus en plus complexe. La communauté internationale observe ces développements avec une attention croissante, alors que les violations des accords de paix s’accumulent.
L’expansion de l’administration rebelle pose des questions fondamentales sur la souveraineté congolaise et la protection des civils. Comment garantir la sécurité des populations dans ces territoires sous contrôle rebelle ? Quelles conséquences pour la stabilité régionale ?
La réponse à ces interrogations déterminera l’avenir sécuritaire des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dans un contexte où chaque initiative rebelle creuse un peu plus le fossé avec les processus de paix engagés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net