L’absence remarquée de Joseph Kabila au Dialogue sur la Paix et la Sécurité en Afrique (APSD 2025) en Afrique du Sud interroge sur la stratégie politique de l’ancien chef de l’État congolais. Alors que la Fondation Thabo Mbeki réunissait à Gauteng, du 3 au 6 septembre, un aréopage d’anciens dirigeants, diplomates et acteurs clés du continent, le leader du Front Commun pour le Congo (FCC) a choisi de se faire représenter par une délégation composée de Néhémie Mwilanya, André Kimbuta, Félix Momat et Francine Muyumba.
Cette absence, dans un contexte où les questions de stabilité régionale sont plus cruciales que jamais, soulève plusieurs interrogations. Joseph Kabila joue-t-il une carte d’apaisement ou au contraire marque-t-il une distance stratégique avec ce type d’initiatives diplomatiques ? La présence de ses émissaires témoigne d’un intérêt certain pour les discussions, mais le choix de ne pas se déplacer personnellement envoie un signal politique subtil que les observateurs décrypteront avec attention.
Le dialogue APSD 2025, qui rassemble un panel impressionnant d’experts en sécurité, de parlementaires et de leaders religieux – dont la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) représentée par Mgr Donatien Nshole et l’Église du Christ au Congo (ECC) – constitue pourtant une plateforme idéale pour peser sur les débats concernant l’avenir du continent. Dans ce cadre, la non-présence physique de l’ancien président congolais pourrait être interprétée comme un calcul politique réfléchi, peut-être même une manière de marquer son indépendance vis-à-vis de ce forum.
Les implications de cette absence sont multiples. D’un côté, elle pourrait fragiliser la position du FCC dans les discussions sur la sécurité en Afrique centrale, région où la RDC joue un rôle pivot. De l’autre, elle pourrait refléter une volonté de ne pas s’engager trop avant dans des processus perçus comme étant pilotés par d’autres puissances régionales. Le discours d’ouverture de Thabo Mbeki, ancien président sud-africain, a certainement tracé des perspectives auxquelles Kabila aurait pu réagir directement.
La délégation envoyée, composée de figures politiques expérimentées, devra donc porter la voix de l’ancien chef de l’État tout en manœuvrant avec prudence dans ce forum où se croisent des intérêts parfois divergents. Leur capacité à défendre les positions du FCC tout en maintenant une cohérence avec les objectifs affichés de l’APSD 2025 sera scrutée à la loupe.
Cette situation pose inévitablement la question du rôle que Joseph Kabila entend jouer sur la scène continentale. Alors que les défis sécuritaires en RDC et dans la région des Grands Lacs restent brûlants, son absence à un événement de cette envergure interroge sur sa vision de l’engagement diplomatique et de la construction de la paix. Est-ce une simple question d’agenda ou le signe d’un repositionnement stratégique plus profond ?
Les prochains mois nous éclaireront peut-être sur les véritables motivations de cette absence. En attendant, les participants à l’APSD 2025 devront composer avec une représentation congolaise partielle, alors même que les questions de stabilité en RDC sont au cœur des préoccupations de nombreux acteurs présents. Le dialogue se poursuivra jusqu’au 6 septembre, et l’on guettera avec attention les conclusions qui en émergeront – et surtout, la manière dont elles seront reçues et mises en œuvre par les différents parties prenantes, y compris celles qui n’étaient pas physiquement présentes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net