Le quartier Chimpunda à Kadutu, Bukavu, porte encore les stigmates de l’horreur. Mardi 26 août, les flammes ont une nouvelle fois ravagé ce secteur densément peuplé, réduisant en cendres une centaine d’habitations et emportant cinq vies humaines. Sur le site du drame, seules persistent des tôles calcinées et des débris métalliques qui racontent silencieusement la tragédie.
« Nos avenues Funu B et Nyamulagira ne sont plus que souvenirs », murmure un habitant sous le choc. La mosaïque colorée de maisons en planches, souvent entassées les unes sur les autres, appartient désormais au passé. Pour les familles sinistrées de Kadutu, c’est la perte brutale du fruit de plusieurs années de dur labeur, anéanti en quelques heures seulement.
Bébé Mulegwa, l’un des jeunes notables de la zone, lance un appel poignant : « Comment pouvons-nous rester indifférents face à tant de détresse ? À quelques jours de la rentrée scolaire, ces parents ont tout perdu. Leurs enfants n’auront même pas de uniformes ni de fournitures ». Son cri résonne comme une alarme dans une ville où les incendies se succèdent à un rythme alarmant.
Depuis juillet, près d’un millier de maisons ont été dévorées par les flammes à Bukavu. Un bilan effroyable qui interpelle sur les causes profondes de ces drames répétés. Les constructions anarchiques, les feux de cuisson mal maîtrisés, les installations électriques vétustes et l’absence criante d’un service habile de protection civile créent une combinaison explosive.
Mais au-delà des causes techniques, ne faut-il pas aussi questionner la responsabilité des autorités ? Comment expliquer que des quartiers entiers continuent de brûler sans qu’aucune mesure structurelle ne soit prise ? Les sinistrés de Chimpunda rejoignent malheureusement la longue liste des victimes d’un système qui semble incapable de protéger ses citoyens.
En cette période de rentrée scolaire, la détresse des familles touchées par l’incendie de Bukavu prend une dimension particulière. Alors que la plupart des parents se préoccupent des frais scolaires, ceux de Chimpunda doivent trouver de quoi se loger et se nourrir. Leur priorité n’est plus l’éducation mais la survie au jour le jour.
La solidarité nationale serait-elle la seule réponse à apporter ? Si l’élan de générosité est nécessaire, ne devrions-nous pas exiger davantage ? Des solutions durables s’imposent : plan d’urbanisation, sensibilisation sur les risques incendie, modernisation des installations électriques et renforcement des services de secours.
Les incendies à répétition dans les quartiers populaires de Bukavu ne sont pas une fatalité. Ils sont le symptôme d’un malaise plus profond, celui d’une urbanisation sauvage et d’un abandon des populations les plus vulnérables. Jusqu’à quand devrons-nous compter les morts et les maisons calcinées avant d’agir véritablement ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net