Les rebelles de l’AFC/M23 imposent une taxe forcée de 3 500 francs congolais à chaque ménage de Kipese, dans le territoire de Lubero. Cette mesure coercitive vise à financer la réinstallation d’une station de radio stratégique sur les hauteurs de la localité. Le prélèvement s’effectue sous la supervision des cadres de base du mouvement rebelle, avec la complicité des chefs locaux désignés comme Kapita.
Depuis février 2025, date de leur prise de contrôle de la zone, les combattants de l’AFC/M23 ont instauré une administration parallèle caractérisée par une multiplicité de taxes illégales. La nouvelle ponction radiophonique s’ajoute à un système fiscal déjà lourd pour une population vivant sous la menace permanente des représailles.
La station radio concernée avait été préalablement détruite lors des affrontements entre les FARDC, les miliciens wazalendo et les rebelles. Sa reconstruction représente un enjeu de propagande majeur pour le groupe armé. Les observateurs locaux confirment que l’installation permettra à l’AFC/M23 de renforcer son emprise idéologique sur toute la région de Lubero.
Comment une population déjà appauvrie peut-elle supporter de nouvelles charges financières ? Les habitants de Kipese subissent une pression économique insoutenable. Les commerçants doivent notamment s’acquitter de 5 000 FC par jour de marché, tandis que les propriétaires de boutiques versent 15 000 FC mensuels sans recevoir de quittance.
L’économie locale, autrefois dynamique, se trouve paralysée par cette fiscalité prédatrice. Kipese était considérée comme un carrefour commercial vital reliant Butembo, Kirumba et Goma. Aujourd’hui, les échanges commerciaux ralentissent sensiblement tandis que les prix des biens de première nécessité flambent sur les marchés.
La taxe de « déclaration » imposée aux nouveaux arrivants et aux aspirants commerçants complète ce tableau d’extorsion systématique. Les résidents contactés confirment vivre dans la crainte permanente des représailles, les obligeant à se soumettre aux exigences financières des rebelles.
Cette situation soulève des questions cruciales sur le financement des groupes armés dans l’est de la RDC. Les mécanismes de taxation illicite constituent-ils le principal moteur économique de l’AFC/M23 ? La communauté internationale mesure-t-elle l’impact de ces prélèvements forcés sur les civils pris au piège des conflits armés ?
L’installation de la station radio représente bien plus qu’un simple projet médiatique. Il s’agit d’un instrument de contrôle informationnel et psychologique sur une population déjà vulnérable. La diffusion de messages propagandistes pourrait altérer durablement le paysage médiatique local et influencer les perceptions dans le Nord-Kivu.
Les autorités congolaises font-elles face à un nouveau défi en matière de sécurité et de liberté de la presse ? La résilience des habitants de Kipese sera-t-elle suffisante pour résister à cette double pression financière et psychologique ? L’avenir immédiat de cette localité dépendra largement de la réponse apportée à ces questions sécuritaires fondamentales.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd