Trois années d’exil forcé prennent timidement fin pour les populations de Butulu, Kinsele et Tobakita. Dans le territoire de Kwamouth, province du Mai-Ndombe, un mouvement de retour s’amorce parmi les déplacés fuyant les violences intercommunautaires Teke et Yaka. Ces civils, chassés de leurs terres depuis juin 2022 par les atrocités des miliciens Mobondo, retrouvent un paysage de désolation.
Leurs habitations, leurs écoles, leurs centres de santé : tout a été méthodiquement détruit. Le constat est accablant. Les rapatriés font face à une précarité extrême, sans abris dignes de ce nom ni accès aux soins de base. Le défi de la reconstruction semble immense, presque insurmontable pour des communautés déjà meurtries.
Stany Libie, chef coutumier du village Kimomo, alerte sur l’urgence de la situation. « Ils rentrent dans des conditions précaires », déplore-t-il. Son plaidoyer est double : sécuritaire et social. Comment garantir une protection durable contre la menace toujours présente des Mobondo ? Comment fournir le minimum vital à une population traumatisée ?
La peur d’un nouveau cycle de violence plane sur ces retours fragiles. Sans présence étatique robuste et sans accompagnement concret, ces retrouvailles avec la terre natale pourraient virer au cauchemar. La communauté internationale et les autorités congolaises sont interpellées. Jusqu’où ira leur engagement ?
Une lueur d’espoir émerge cependant du côté de Bandundu. Le Vice-premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, a réaffirmé la volonté gouvernementale d’organiser un forum de paix. Cette initiative vise une résolution holistique du conflit, avec la signature d’un accord engageant toutes les parties prenantes. Les termes de référence sont en cours de définition.
Cet engagement politique est crucial. Mais pour les habitants de Kwamouth, les promesses doivent rapidement se traduire en actes tangibles. La sécurisation effective des zones de retour et le lancement de projets de reconstruction sont attendus avec impatience. La crédibilité du processus de paix en dépend.
Le chemin vers une normalisation complète sera long. La réconciliation entre les communautés Teke et Yaka nécessitera du temps, de la médiation et une justice transitionnelle. Le retour des déplacés de Kwamouth n’est qu’une première étape, fragile et réversible. La vigilance reste de mise.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd