Le Programme alimentaire mondial (PAM) et le ministère de la Santé publique viennent de lancer une campagne nationale ambitieuse pour lutter contre la malnutrition infantile en République Démocratique du Congo. Intitulée « Faire de mes premiers mille jours un bon départ pour la vie », cette initiative cruciale s’étendra jusqu’au 20 décembre 2025 et ciblera spécifiquement cinq provinces congolaises où l’insécurité alimentaire atteint des niveaux alarmants.
Mais pourquoi les premiers mille jours sont-ils si déterminants pour la santé future d’un enfant ? Selon les experts en nutrition, cette période qui s’étend de la conception jusqu’aux deux ans de l’enfant représente une fenêtre d’opportunité unique pour poser les bases d’un développement optimal. C’est durant ces mois critiques que se construisent les fondations du système immunitaire, des capacités cognitives et de la santé métabolique.
La situation nutritionnelle en RDC reste préoccupante, comme l’a souligné Ollo Sib, directeur adjoint du PAM/RDC : « Environ 28 millions de personnes n’arrivent pas à manger à leur faim ». Ce chiffre stupéfiant représente près du quart de la population congolaise, avec une aggravation notable dans les zones en conflit où l’accès aux services de base et à une alimentation équilibrée devient un défi quotidien.
La campagne se déploiera dans les provinces du Tanganyika, Kasaï, Ituri, Nord-Ubangi et Sud-Ubangi, régions où le PAM dispose déjà d’antennes opérationnelles. L’objectif est double : sensibiliser les populations aux comportements alimentaires recommandés et mobiliser tous les acteurs de la chaîne de sécurité alimentaire Congo.
Beatrice Kalenga, directrice adjointe du Programme national de nutrition, insiste sur l’urgence d’agir : « Cette période cruciale pour le développement et le bien-être de l’enfant nécessite une attention particulière. Une malnutrition durant ces mille premiers jours peut entraîner des retards de croissance irréversibles et des déficits cognitifs permanents ».
Le programme PAM nutrition comprendra des distributions de suppléments nutritionnels, des séances de sensibilisation sur les pratiques d’alimentation infantile optimales et un plaidoyer fort auprès des autorités locales pour renforcer les systèmes alimentaires. Des équipes mobiles seront déployées dans les communautés les plus reculées pour atteindre les populations vulnérables.
Comment expliquer que la malnutrition RDC persiste malgré les richesses naturelles du pays ? Les experts pointent du doigt plusieurs facteurs : l’insécurité dans certaines régions qui perturbe l’agriculture, le manque d’accès à l’eau potable, les pratiques alimentaires inadéquates et la pauvreté endémique qui limite l’accès à une alimentation variée.
La campagne mise sur une approche intégrée qui associe éducation nutritionnelle, soutien aux producteurs locaux et renforcement des systèmes de santé. Des messages clés seront diffusés sur les bonnes pratiques d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, l’importance de la diversification alimentaire et les techniques de préparation hygiénique des repas.
Cette initiative arrive à point nommé alors que les crises successives ont fragilisé la sécurité alimentaire de millions de Congolais. Le succès de cette campagne dépendra de l’engagement de tous : autorités, partenaires techniques, communautés et familles. Chaque acteur a un rôle à jouer dans cette chaîne de solidarité nutritionnelle.
Les spécialistes rappellent que investir dans la nutrition des premiers mille jours représente l’une des interventions les plus rentables en termes de développement. Un enfant bien nourri durant cette période aura de meilleures chances de réaliser son plein potentiel, tant sur le plan physique qu’intellectuel. La lutte contre la malnutrition infantile n’est pas seulement une question de santé publique, mais un impératif pour l’avenir de toute la nation.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net