La quête obstinée de Donald Trump pour le prix Nobel de la paix se heurte à une réalité implacable : l’hostilité déclarée du comité norvégien chargé de décerner cette prestigieuse récompense. Alors que l’ancien président américain multiplie les initiatives diplomatiques et les déclarations publiques sur ses accomplissements présumés, le fossé semble se creuser avec les gardiens de cette distinction internationale.
Les relations USA Norvège, traditionnellement cordiales, connaissent une tension particulière autour de cette question. Le comité Nobel, composé de cinq membres nommés par le parlement norvégien, compte au moins trois personnalités ayant exprimé des critiques sévères à l’encontre de l’ancien locataire de la Maison Blanche. Comment alors envisager une récompense qui nécessiterait un consensus au sein de cette instance ?
Jorgen Watne Frydnes, président du comité, avait pointé du doigt en décembre dernier « l’érosion de la liberté d’expression même dans les pays démocratiques », visant explicitement les attaques répétées de Trump contre les médias. Une position renforcée par Kristin Clemet, ancienne ministre norvégienne, qui dénonçait en mai le « démantèlement de la démocratie américaine » et les efforts pour « démolir l’ordre mondial libéral ».
La politique internationale États-Unis sous l’ère Trump présente en effet un paradoxe : si l’ancien président revendique la résolution de conflits et multiplie les initiatives de médiation, ses méthodes et son style polarisant semblent incompatibles avec les valeurs traditionnellement associées au Nobel de la paix. Ses tentatives de rapprochement avec la Corée du Nord, ses efforts affichés dans le dossier ukrainien ou encore son rôle dans l’accord entre Israël et les Émirats arabes unis peinent à convaincre les observateurs les plus sceptiques.
La diplomatie américaine sous Trump s’est caractérisée par une approche unilatérale et transactionnelle, souvent en rupture avec le multilatéralisme traditionnellement valorisé par le comité Nobel. Cette divergence fondamentale explique en grande partie la réticence norvégienne à couronner une politique perçue comme disruptive et potentiellement nuisible à l’ordre international.
Les soutiens internationaux de Trump, comme Benjamin Netanyahu ou Nikol Pashinyan, semblent insuffisants pour contrebalancer les réticences norvégiennes. La faible popularité de l’ancien président en Norvège – seulement 7% de préférence selon un sondage d’octobre – reflète un rejet plus large qui dépasse les clivages politiques traditionnels.
Alors que la date limite des nominations pour le prix de cette année est passée depuis janvier, la question reste ouverte pour les éditions futures. Mais le président du comité Nobel lui-même souligne la difficulté particulière à récompenser un chef d’État : « Vous avez souvent du sang sur les mains en cas de conflit. Mais vous avez aussi le pouvoir de faire les choses après, ce qui complique la situation ».
Cette quête du Nobel s’inscrit dans une réflexion plus large de Trump sur son héritage historique et sa place dans la postérité. Ses récentes déclarations sur son désir « d’aller au paradis » et sa place « en bas de l’échelle » révèlent une préoccupation croissante pour la trace qu’il laissera dans l’histoire. Le prix Nobel représenterait alors une forme de validation ultime, une consécration qui lui échappe pour l’instant.
La question reste posée : un prix Nobel peut-il légitimer rétroactivement une politique controversée ? Ou au contraire, la distinction perdrait-elle de sa valeur en récompensant des actions perçues comme contraires à l’esprit même de la paix ? Le comité norvégien, gardien vigilant de cette tradition centenaire, semble pour l’instant avoir choisi son camp.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net