La Haute Cour militaire de la République démocratique du Congo a été le théâtre d’un réquisitoire historique vendredi 22 août, lorsque le procureur général Lucien René Likulia a requis la peine capitale contre l’ancien chef de l’État Joseph Kabila. Poursuivi par contumace pour trahison, crimes de guerre, organisation d’un mouvement insurrectionnel, complot et apologie de crimes de guerre, l’ex-président fait face à des accusations sans précédent dans les annales judiciaires congolaises.
Le ministère public a présenté une litanie de faits qualifiés de « gravement répréhensibles », incluant meurtres de populations civiles, viols, exécutions sommaires, déportations forcées et destructions massives. Selon l’accusation, ces exactions auraient été perpétrées par les rebelles de l’AFC/M23 dans les zones sous leur contrôle, avec la complicité présumée de l’ancien dirigeant.
Cette procédure judiciaire exceptionnelle soulève des questions fondamentales sur la responsabilité des plus hautes autorités de l’État. Le procureur général a argumenté que la résurgence du M23 sous la bannière de l’AFC ne serait pas le fruit du hasard, mais le prolongement d’un double jeu cynique mené depuis le sommet du pouvoir. L’accusation peint le portrait d’un ancien président ayant pactisé avec les forces ennemies qui saignent l’Est congolais depuis deux décennies.
La réaction politique ne s’est pas fait attendre. Le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi a dénoncé avec véhémence ce qu’il qualifie de « simulacre » judiciaire. Dans une déclaration signée par son secrétaire général Dieudonné Bolengetenge, la formation politique s’insurge contre « l’instrumentalisation de la justice » par le régime Tshisekedi, y voyant une « arme de répression massive » et une « dérive autoritaire ».
Parallèlement à cette actualité judiciaire brûlante, le gouvernement Suminwa II se prépare à affronter la prochaine saison des pluies. Lors de la deuxième réunion du Conseil des ministres tenue le même vendredi 22 août, le président Félix Tshisekedi a ordonné la mise en place urgente d’un programme d’interventions pour atténuer les dégâts et sécuriser les sites à haut risque.
Une réunion évaluative du niveau d’exécution du programme de prévention des inondations sera convoquée dans les prochains jours avec toutes les parties concernées. Le chef de l’État a insisté sur l’impérieuse nécessité de procéder sans délai à la libération des fonds non encore débloqués, alors que moins d’un mois sépare la capitale congolaise du retour annoncé des précipitations.
Ces deux dossiers majeurs illustrent les défis multiples auxquels fait face la nation congolaise : d’un côté, la poursuite judiciaire sans précédent d’un ancien président pour crimes de guerre et trahison ; de l’autre, la lutte contre les catastrophes naturelles récurrentes qui frappent Kinshasa. La justice militaire devra maintenant se prononcer sur le sort de Joseph Kabila, tandis que le gouvernement devra démontrer sa capacité à protéger les populations contre les inondations menaçantes.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net