La route nationale 27 reliant Bunia à Mahagi, artère économique vitale de l’Ituri, traverse une crise sans précédent. Cette voie stratégique, normalement parcourue en quelques heures, impose désormais des trajets de plus de douze heures aux usagers contraints de naviguer entre bourbiers et dégradations avancées. Comment une infrastructure aussi cruciale a-t-elle pu atteindre un tel état de déliquescence ?
Le constat est alarmant : la chaussée, littéralement disloquée, présente des crevasses profondes et des zones marécageuses qui transforment chaque voyage en véritable parcours du combattant. Les véhicules commerciaux, chargés de denrées alimentaires et de marchandises diverses, s’embourbent régulièrement, provoquant des retards considérables et des surcoûts opérationnels exorbitants. Les transporteurs doivent désormais compter avec des frais supplémentaires liés à la traction des poids lourds et aux réparations mécaniques fréquentes.
Cette dégradation avancée de la RN27 Ituri représente une saignée économique pour toute la province. En tant que corridor essentiel vers les pays voisins, cette route conditionne la fluidité des échanges commerciaux transfrontaliers. La hausse vertigineuse des coûts de transport – parfois jusqu’à 300% – se répercute mécaniquement sur les prix des produits de première nécessité, affectant directement le pouvoir d’achat des populations locales. Les commerçants, étranglés par ces surcoûts logistiques, voient leur marge bénéficiaire s’amincir dangereusement.
La situation interpelle d’autant plus que l’entreprise Oriental Roads and Constructions (ORC), mandatée pour la réhabilitation et la maintenance de cet axe, reste étrangement silencieuse. Malgré les multiples sollicitations, aucune communication officielle n’a été émise concernant un éventuel calendrier de travaux. Cette absence de réaction suscite l’incompréhension parmi les usagers qui s’interrogent sur l’efficacité des mécanismes de contrôle des engagements contractuels.
Les conséquences socio-économiques de cette négligence infrastructurelle sont multiples : augmentation du prix des denrées alimentaires, ralentissement des activités commerciales, isolement accru des populations rurales, et perte de compétitivité régionale. Le territoire de Mahagi, zone frontalière au potentiel économique indéniable, se trouve ainsi asphyxié par l’impossibilité pratique d’écouler normalement sa production.
Face à cette urgence, les acteurs économiques locaux lancent un appel pressant aux autorités provinciales et nationales. La réhabilitation urgente de ce corridor économique s’impose comme une priorité absolue pour relancer la machine économique de l’Ituri. Des solutions temporaires, comme le remblayage des parties les plus critiques, pourraient être envisagées dans l’attente d’une intervention structurelle complète.
La RN27 symbolise le paradoxe congolais : une richesse naturelle immense mais entravée par des déficits infrastructurels criants. Sa remise en état conditionnera non seulement le développement économique de l’Ituri mais également l’intégration régionale de la RDC dans le commerce transfrontalier. Le temps presse, et chaque jour perdu accentue l’hémorragie économique que subissent commerçants, transporteurs et consommateurs.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net